Alain Santacreu, Le clochard sonne

2018-02-01T16:20:00+01:00

 

Qui t’envisageait, pau­vre homme qu’un lampadaire
Gri­mait ? Quelle paupière céleste palpitait
Sous tes pieds joints, pri­ait ? De quel désir amer,
De quel hier, soupi­rait ton souf­fle alcoolisé ?

Ô clown lunaire, vieil arché­type banal
De la ville. Pour les gens, c’était carnaval !
Tes paroles en l’air éclataient sous leurs pas,
Toi, l’hâbleur dont les mots s’envolaient sur les toits.

Tu riais, face hideuse aux orbites emmurées,
Clochard, et je me lais­sais interpeller.
Ta voix, en moi, tin­ta. Dans l’œil de ton regard

Je revis un enfant sous les traits d’un vieillard.
Tout s’effaça, s’inversa ; il n’y eut plus d’âge :
Le pour­tour de tes pieds décalquait mon visage.

 

 

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Présentation de l’auteur

Alain Santacreu

La quête d’Alain San­tacreu se joue depuis des années autour d’un mot : con­tre­lit­téra­ture. Dans une post­face remar­quable à un recueil de ses essais, Au cœur de la talvera, Matthieu Bau­mi­er a dit de lui : « Le sait-il seule­ment ? Alain San­tacreu est un poète. Je le sais bien moi qui ai recon­nu la poésie en l’écriture née du dedans de lui » ; et, plus loin, il ajoute : « Alors, si l’écriture vis­i­ble de San­tacreu s’exprime apparem­ment en forme d’essai, l’état d’esprit qui ani­me mots et let­tres tracés est cepen­dant celui de la poésie. » La con­tre­lit­téra­ture est une poé­tique, cela est si pro­fondé­ment vrai que la démarche sin­gulière d’Alain San­tacreu a par­fois recours au poème… 

À lire : Alain San­tacreu, Au cœur de la talvera,  (post­face de Matthieu Bau­mi­er), Arma Artis, 2010.

Site de l’auteur : contrelitterature.com

Alain Santacreu

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