Tu empiètes dans la biogra­phie. Dans le cœur de chaudes ténèbres.
Dans des actes dénués de pen­sée alors que tes yeux sombrent
au fond de leurs racines
, et la langue vole autour de la vérité
comme un fil autour de la tête d’une aigu­ille. Une question
d’un test de la per­son­nal­ité tirée d’un mag­a­zine de mode que tu feuillettes,
désœu­vré : « Avez-vous déjà mal­traité des animaux ? »,
te replace soudain dans le froid tombeau de l’enfance.
Alors que tu entoures de manière machi­nale la réponse négative,
tail­lant l’échantillon de ton moi le meilleur, les brides se relâchent et,
défait, tu pénètres l’âme depuis son envers : tu as épluché un oisillon
de sa coquille et, vain­cu par la curiosité, tu absorbes le regard
amadouant de la mort qui t’observe depuis ta pro­pre paume ; un pigeon qui,
le crane per­cé, fréné­tique se démène sous ta fenêtre, car tu as lais­sé tomber,
de pro­pos délibéré, un couteau sur une volée attirée par du pain trempé ;
le râle d’un jeune cor­beau que vous avez attaché à une branche puis
bat­tus avec des bâtons comme une mar­mite d’où jailliraient,
en lieu de sucreries, plumes, moelle épinière et intestins… Il y a de tels jours,
de telles épo­ques. Puis la poésie brise la coquille d’un coucou au bec affamé.

 

Traduit du ser­bo-croate par Boris Lazić

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