La vérité à ton pro­pos te dépasse,
ces ensem­bles de menus ténèbres. Un désir,
cru­ci­fié entre un mur et l’autre, telle une corde à linge
d’un quarti­er mis­érable : faire
la paix avec son enfance
. Per­me­t­tre
au cru­el sou­venir de dire : tu te con­cen­tres autour
de vacances tron­quées, sans père, autour d’un vide
que rem­plis­sent, com­patis­sants, oncles,
grand-pères, grand-mères, ou le goût amer des tulumbas
de la pâtis­serie munic­i­pale. Autour de la res­pi­ra­tion retenue
d’un garçon de qua­tre ans qui emprunte l’escalier abrupt
d’un café enfumé comme s’il allait au pur­ga­toire, essayant,
par­mi les joueurs de cartes de recon­naitre, depuis
une per­spec­tive lil­lipu­ti­enne, un vis­age con­nu. Et de l’aiguillon
de sa honte,  alors qu’il ren­tre seul, devoir inaccompli,
trans­met­tant à sa mère un mes­sage inven­té : « Il nous a dit
de faire encore un tour. » Entre toi et lui – tout un langage.
C’est un jour de mai. Pris au piège de la nasse, le cœur frétille.

 

Traduit du ser­bo-croate par Boris Lazić
 

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