J’ai mis la mer en camions citernes mon amour
des mil­lions de mil­liards de camions citernes

empilés les uns sur les autres jusqu’au ciel 
une stat­ue d’art mod­erne en hom­mage à César 
à Duchamp Mar­cel à Arman en hom­mage à Homère 
et pour Magritte j’ai peint au pinceau sur tes vitres 
vas à ta fenêtre mon amour et regarde par dessus les nuages 
regarde les méta­mor­phoses des baleines à air comprimé

elles retomberont comme la neige sur le sol et les toits
en flo­cons poé­tiques de médus­es ros­es mauves ou blanches 
pour Marx Ernst j’ai con­stru­it une cabane avec des vielles planches 
avec des bran­chages et des feuil­lages en lisière de forêt 
et dedans sur le lit de camp j’ai mis une écol­ière pen­sive suçant son pouce

en hom­mage à Paul Del­vaux qui refusa d’être anobli par le roi des belges
regarde mon amour toutes ces roues de bicyclettes 
que j’ai ramassé pour toi le long de la grand’ route 
nous accrocherons des petits rubans col­orés à leurs rayons 
et nous les fer­ons rouler avec le souf­fle des mots d’amour 
nous les fer­ons tourn­er jusqu’à l’ivresse jusqu’à la mort

jusqu’à ce que la terre nous emporte à l’autre bout de l’u­nivers
et nous irons danser au bal du rat mort en com­pag­nie de James Ensor.

     — 2014  — (Inédit, recueil en cours d’écriture)
 

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