1. qui va-là ?

libre native en étourdissements
en jeuness­es labourées d’amour j’ai pris
place hors du cer­cle à portée
de vue sim­ple nue et percée
d’é­ton­nement / de ceux-là
les sans liba­tions pour ma
nativité

2. dis­traite de vie de tant
de vie jouée de mots joués aussi
dis­traite simplement
c’est les jours
de grand vent quand on s’é­vide vers
la flûte 
tout roseaux tout près tout
près d’être mort

fascinée de hasards
prom­enant son
que sais-je sous les ceintures /
étranges latitudes
souil­lées de sueurs et de pisses
en lits nuptiaux /

il enfante au hasard le
monde a mon âge
et j’ai le sien

3. tar­dive en sagesse je
n’e­spère pas pour le sage

oh dans ma chambre
sor­cière j’anime
les coeurs tardifs de lulu van
mes os réduits en glaires de sang
par exodes des sens
par avorte­ments par
exils
oh ma cham­bre ne vit qu’aux exilés
volon­taires les lâches
les fuyards

4. leurs trompes ivres déban­dent dans
dans mon ven­tre famé par un fiasco
d’enfer

cause de mes lunes sèches
comme seins sans lait mes seins
de mère stérile non féconde non
fécondée moi

sor­tie de rien du chaos
poilu de Kiev la Chi­enne boiteuse
venue du sou­venir d’une autre mémoire
que la mienne je
dans le meilleur et dans le pire
des jours celui lors duquel il 
se fit mangeur de son
pro­pre pla­cen­ta je
pleine de con­tor­sions la clavicule
fissurée

viens rire grand
cirque au nez
des scribes

de Kiev le prince ignoré

5. alors évo­quant le vent moite
et agile
(l’homme qui cou­ve son feu d’une main
en icelle déjoue ses veines
comme des ser­pents chi­noise­ment ombrés)

alors

nous avons dan­sé après la colère
longtemps
l’é­cho vir­il des contorsions
et des embus­cades et des pièges posés
dans la nuit longtemps
nous avons poli l’é­clat du feu
dans l’oeil et du feu dans le pied

le con­tre-chant monodique de la nuit
piégée

6. déploy­ant le pas­sage la chute
et le retourne­ment je gravite sur
l’im­pair chiffre du retour en
dehors

7. j’ig­nore l’en un et
ne m’use qu’à mimer

mais peur me bat 
sans mimes aux bor­ds coutumiers
elle le masque à l’ou­vert et
ser­vante en dehors de ceux-là
les éton­nés de vie puis
les oublieux de trembler

mort celle qui fait ordre
et mémoire
pour les volontaires

8. le mal c’est de vouloir dire
le prématuré
au péril de vouloir vivre

car la pen­sée vieillit
et la musique de la pensée
jamais ou
en vio­lon (des jeuness­es sérielles
mais entre elles jeunesses
l’éclipse) 

et habiter / la presque
impos­si­bil­ité d’habiter
l’homme en ignorance

9. c’est donc ça le prix à payer
comme un tis­su noir
sur le vis­age sa beauté
heurte le hasard

un tis­su noir coulisse et tous
sont inertes
et tous éten­dus à même le sol
s’or­nant des fan­tasmes de la lumière
tous

lisent dans un trou
noir l’o­rig­ine de toutes
leurs lectures

10. le monde s’as­treint à tourner
et retourn­er encore ses épluchures
hum­ble arti­san d’un lan­gage révolutionnaire
si rapi­de jusqu’au
ver­tige de dire
Mais il tourne

je me repose dans le repos
d’être dit

un jour (re)tournant un jour
délivré du délit de verser
sans per­mis­sion la
vacance

11. et tou­jours cette même question
à la belle clarté

qui va-là
derrière ?
 

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