Dieu ! Je n’ai plus envie de séduire
l’humanité. C’est toi que j’aimerais, doux
et muet. Tu a rai­son de ne pas Te fâcher
quand je T’approprie. Tu m’échois

spon­tané­ment. Ma langue s’enveloppe
autour de Toi. Comme un conifère
ébranché, seule­ment au plus naturel. Je
ne la recon­nais plus. Pour établir ce que

furent la pro­priété, la pos­ses­sion, c’est Toi
que je con­sulte. Où s’est égarée ma
cru­auté, dis, pourquoi je T’appelle
en atten­dant Ta réponse, sans

mot dire ? Tu m’interromps. Déchiquettes.
Ce que j’ai eu l’intention de Te donner
comme cadeau, Tu le dénoues, encore inachevé,
Tu l’enlèves. Tu pressen­tis : je suis là,

au milieu, hors de ma sur­veil­lance, encore
irréfléchi, encore sans ratures. Dieu !
Pourquoi sais-tu ? Et quelqu’un me révèle,
par Ta voix, de tout cœur : Je ne sais pas.

 

 

traduit du serbe par l’auteur

 

TU VOIS, DIT-ELLE, JE SUIS DIEU

 

Bože! Lju­di mi se više
ne zavode. Tebe bih, nežan
i nem. Ne lju­tiš se, s pravom,
kad Ti kažem moj. Sam mi

dopad­neš. Moj jezik se
uvi­je oko Tebe. Kao podšišan
četi­nar, samo prirod­ni­je. Ne
pre­poz­nam ga. Da utvrdim šta

behu svo­jst­vo, svo­ji­na, Tebe
kon­sul­tu­jem. Gde mi se dela
neu­mit­nost, kaži, zaš­to Te
dozi­vam, a čekam Tvoj odgovor,

ćutke? Ispreki­daš me. Izreckaš.
Ono što sam nam­er­avao da Ti
pok­lonim, još nedovršeno, odrešiš,
otmeš. Naslu­tiš: tu sam, tu

između, od sebe nenad­gledan, još
nepromišl­jen, još neis­pre­cr­ta­van. Bože!
Zaš­to znaš? Neko mi, Tvojim
glasom, od srca oda: Ne znam.
 

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