A Berne près de la fos­se aux ours
Je pense à Paul Klee
Je pense irré­sistible­ment à Paul Klee

Je pense qu’au sein du col­lec­tif qui pleure ses mots d’ordres
Un homme est tou­jours seul pour larguer une planche de salut
que l’avenir brûlera

Je pense que le désir est la loi qui fonde la couleur
et j’y perds mes doigts

Je pense que je suis enfer­mé dans un monstre
Qui est moi à bout de souffle
sur un cri de silex mal rasé

Je pense comme la lame de feu
qui respire dans le manche d’un gant de pluie

Je pense que tous les rêves se don­nent la main
et refer­ment à jamais la fenêtre des rivières

Sous la nef de la cathédrale
Le pro­fil des îles men­tales est rouge
comme la fleur de mes paupières

L’imaginaire est le mécani­cien des quais désaf­fec­tés du langage
L’imaginaire génère 2 lèvres
Qu’il glisse dans l’enveloppe majuscule
de  l’amour

L’objet vis­i­ble n’est rien !
Rien qu’une vision restreinte

Au-delà du visible

ATTEINDRE    la substance

Un nuage descend sur mon front
La couleur ébouil­lante une statue
La couleur boit une tasse de thé
La couleur éclate dans le gravier de mes pas

La couleur fend mon œil  en deux
comme le ferait la jupe-ciseaux d’une femme
La couleur est l’empreinte imag­i­naire de ton corps

A Berne
Je pense irré­sistible­ment à Paul Klee
Le cerveau beaux-arts est chef de gare.
 

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