La porte qui s’ouvre
Au plus profond de la tranchée du cœur
Est une entaille
À la mesure d’une campagne de silence
Dans l’ombre sourde de ton corps
Où tremble
La chaleur de très secrètes blessures
La porte qui s’ouvre
Un froissement de roseau te monte aux lèvres
Tout est dangereusement à vif
La solitude réveille l’angoisse dans ta gorge
Sous tes paupières
La douleur se tient droite
La porte qui s’ouvre
L’heure s’échappe et perce le silence
Le port du Havre s’envole avec ses remorqueurs
La porte qui s’ouvre
Cacher les étoiles
Balayer la poussière du néant
Disperser les vagues de l’insomnie
Dans les draps de l’aube
Pour la fraîcheur d’un visage de femme
L’étoile du jour peinte sur tes lèvres
La porte qui s’ouvre
Fuir la nuit
Comme le vent et les nuages
Vers une vie taillée dans la manche de l’enfance
Une source cachée derrière tes paupières
Mais la solitude s’est logée dans ta chair
Agrafe les parterres de la dérision sur ton front
Borde l’écume de tes rides
Dans tes prunelles
Tout est dangereusement à vif
La douleur se tient droite
Au fond de toi
La solitude est une plaie
Qui se reflète jusque dans tes os
L’existence
Un buisson de plaintes
Que tu portes comme une gerbe de cuisses ouvertes.