Les jours tout douce­ment s’effondrent
dans un fra­cas que tu n’entends
pour être assour­di du fracas
du monde où tu comptes les jours

de chaque jour ton temps s’abrège
or tu vis comme si devait
ton temps compter tant d’autres jours
que cha­cun peut compter pour rien

quand il faudrait de chaque jour
faire un monde sans rien de reste
vider toute coupe de joie
sans regret d’avoir rien remis

rien remis n’avoir qui se jouisse
de tout ce que ton jour peut jouir
et tes nuits, que ne s’y enfouisse
de honte l’éclat du désir

mais qu’il se décou­vre au grand jour
qu’il s’écrie s’écrive qu’il ouvre
dans la nuit les portes de jour
les portes de nuit dans le jour

Car on s’en ira sans bagage
on s’en ira à rien qu’on sache
ni plus ni moins que pierre ou vache
dans n’être-rien on non-sera.
 

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