Il ne suf­fit pas d’un tas de cen­dres pour faire un homme (extraits)

 

 

Ce n’est pas l’op­posé le con­traire la contraposée
pas le non-savoir la non-présence le non-être
ce n’est pas la demi-vie le quart de vie…
c’est autre chose
on ne con­nait pas on ‑n’- en revient pas

Jour après jour
un tas de petites choses ‑sans trop d’importance-
petites soustractions
et puis on n’en peut plus et puis on ‑en- meurt

De moins en moins com­ment être encore qui

Ta vie extrême­ment là et nous les oiseaux ensemble
juste avant l’é­clipse qui vient

Temps tout entier absorbé par l’in­con­solable et plus que prob­a­ble tâche à accom­plir mourir

Celui qui meurt n’at­tend pas

Oubli­er le nom des choses oubli­er qu’elles sont seront

Les choses ne se posent plus ‑en ces termes-
on est encore là on n’en est pas sûr et même

Ici éten­dre les derniers vête­ments ‑le vent se lève-
ici où sus­pendre les larmes ‑le fil est tendu-
bâtir le dernier château de sable ‑la mer est montante-
le dernier chemin de domi­nos ‑les enfants pensent à toi-

Tu vas à elle elle va à toi curieuse coïncidence

Ta recherche de l’homme qui te ressem­ble ressem­blerait ressem­blait ressemblera
Il se pour­rait que tu atteignes ta fin

Je prof­ite de ce qui est encore vivant
la vie est si vaste en ses terminaisons

Mourir
ce voy­age que l’on fait seul et couché
les pieds nus sans sandales
les mains nues sans bagages
l’in­ten­tion nue sans destination
le corps nu sans os

Là où on ne se met pas à la place de l’autre

Mourir ne pas mourir un juste milieu sem­blait exclu

Tes grands yeux posés ailleurs
tes yeux entrou­verts négo­ciant une transaction
‑quelque chose qui aurait à voir avec un dedans-dehors-
tes yeux fix­es ‑tu as bien rai­son de con­tem­pler ce qui est beau-
ai-je aimé te regarder partir ?
j’ai tes yeux noisette

Com­bi­en de temps raisonnablement
pour de cen­dres devenir can­tique ou vent ?
 

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