Epaulant ma solitude
Comme on épaule un fusil
Sans même savoir viser
Je chancelle au cinéma
Grimpe tout en haut de l’écran
Clair de lune à nuages
L’abandon en bandoulière
Ma quarantaine exilée
Je ne suis que de passage
J’ai froid sous la pluie sans vous
Vous étiez ma promesse
Et j’étais vos lendemains
Si j’ai gardé mes seize ans
Dans la maison hantée par
Votre fantôme et le mien
J’ai tourné dos à la foule
Et j’ai fui les baratins
Je voulais fermer le livre
N’ai pas pu tourner la page
Et j’ai bâti un empire
Avec le sel de mes larmes
Mon réveil, chaque matin
A côtés, bras grands ouverts
Votre absence que j’enlace.
Bien des feuilles sont tombées
Bien des hommes s’en sont allés
Captive, je tends les mains
Seul le miroir me répond
Aucune trace ne reste
Dans le brouillard du matin
Comme mon corps auprès du vôtre
Effacé à tout jamais
Nuit sans lune, nuit sans étoiles
L’étreinte perdue en silence.
J’écoute tous vos baisers
Aux portes de tous les mondes
Je ne ressens jamais rien
Redonnez-moi mes empreintes
Gardez tous mes souvenirs
L’art de mes désirs est mort
A la porte des chagrins
Il ne reviendra jamais.
Cette histoire qui me vide
Comme un voyage pour rien
Aller simple dans un mur
Je peux tout abandonner
Tout ce que nous connaissions
Jamais avoir peur de rien.
C’est cela qui me soutient
C’est ma retraite secrète
Et l’envie de vos tempêtes.