1
Tu remontes de ce puits
De ténèbres un peu de lumière
Comme une eau lustrée
Par tes mains qui recueillent
A la fraîcheur même de la source
Le reflet incandescent du ciel
L’éclat du jour repousse vers la mer
L’ombre oblique des cyprès
Tu recherches d’un pas mesuré
Un nouveau rivage d’exil
Pour amarrer ta barque que le temps
A construit avec tes mots
2
Vaincre
La solitude
De l’eau et des pierres
Par la secrète harmonie
Des nuages
Et du ciel
Triompher
Du vide obscur
De la nuit
Par un trop plein
De gestes
Et de mots
Accueillir
Le lourd sommeil
Des ombres et des rêves
Pour accroître à l’infini
Les cercles étroits
Du silence
3
Terre d’oliviers pensifs
Et de chats apeurés glissant
Comme des ombres le long des murs
Blanchis par l’écume d’une mer
Presque invisible qui heurte
De plein fouet le rivage
Terre de pierres sèches
Et de chemins aveuglés
Par la lumière sourde des vagues
Qui se dressent vers le ciel
Et éclaboussent à grandes gerbes de couleurs
Le silence des seuils et des terrasses
Terre d’anges frivoles
Et de poètes versatiles
Que le temps glorifie chaque jour
Dans la mémoire votive des récits
Et des chants qui célèbrent encore
Ce qui envoûte la nuit de tes songes
4
Marche à l’aveugle
Dans la nuit du langage
Tâtonnant avec tes mots
Comme s’ils étaient des mains
Touche l’ombre d’une voix
Pour qu’elle devienne une pierre
Sur laquelle tu pourras t’asseoir
Le front appuyé contre le ciel
Immobile et repu d’espace
Prisonnier du sommeil des étoiles
5
Eperonne les noirs chevaux de l’orage
Que ta main ou ton regard
Dessine d’un trait sur la paroi du ciel
Avec quelques taches de couleurs
Et d’obliques aplats de lumière
Pour parfaire le plus pur silence de la terre
Escorte les cimes qui partent à l’assaut des vagues
Que le vent décuple et rabat vers le rivage
De ton futur exil parmi les cendres de ton nom
Combats de ton souffle les ténèbres errantes
De ces nuits qui n’auront d’autre sable à t’offrir
Que celui du temps grenu s’écoulant entre tes mots