(Extraits de la par­tie 3 : Sciences)

 

 

.Astronomie.

 

Faisons-nous moine aux siè­cles noirs
Et polon­ais       un bef­froi dans les étoiles
Où trac­er au com­pas sur des planch­es de buis
Les corps étagés déri­vant sur leurs sphères
Cent flammes incon­stantes qui enchantent l’œil
Et l’esprit dés­espèrent       croisant et décroisant
Leurs lignes aven­tureuses       mais une nuit
Tout s’ordonne       et le ciel jette sur l’abaque
En dépit d’Aristote et de la Septante
Un soleil immo­bile au milieu des planètes
Éter­nel feu gré­geois entouré d’ombres folles
Qui tour­bil­lon­nent dans la distance
Et dans la pénom­bre cette boule d’argile
Emportée sans but au milieu de ses sœurs
Avec ses verg­ers ses villes en spirale
Et sur leurs échelles       pleu­rant le ciel étagé
Dont nous étions le sel et la formule
Ces moines qui tra­cent d’une main maladroite
Le mou­ve­ment du monde       aveugle
Har­monie      où nous ne sommes plus

 

 

 

 

 

 

 

.Ingénierie.

 

Loin des couleurs flat­teuses       une île
Sous le pas des nuages       théâtre du nord
Où mêlé à la lande par­mi les mégalithes
Renaître dans l’éclat de la soli­tude       l’océan
Le vent acide       con­ver­sant avec les mouettes
Une herbe entre les pouces       autre enfin
Que je n’ai su être       mais l’esprit sans la main
Est indi­gent       mes maîtres pétris­saient le monde
Et ma vie a pris forme sans moi
Quar­ante ans la main dans les chiffres
Toutes les dis­ci­plines géologie
Mécanique hydraulique      des chantiers volants
Redessin­er la terre et com­man­der aux vagues
Vaste équa­tion bouil­lon­nant sur les pieux
Que du bord d’un pon­ton des hommes demi-nus
Fichaient dans le sable       le pied vacillant
Sous l’ahan des béliers       oubliant d’être à moi
Propager les biens et rap­procher les hommes
Valent-ils un réduit sous le vent des îles
Et la lande rousse en méditation

 

 

 

 

 

 

 

.Archéolo­gie.

 

Le pied glisse dans la nuit la cen­dre vole
Sanc­tu­aire oublié       seule sur la paroi
Une main pour­pre au milieu des calcites
Au petit doigt tor­du       et des pas dans l’argile
Pour­suiv­ant sous la terre une invis­i­ble proie
Le silence goutte       sept sources       mesurant
L’écoulement des siè­cles       si loin
Le monde       loin       le ciel étour­di où vague
À la cime des mélèzes le cliquetis
De l’accenteur mouchet       huit-cents mètres
Sous les mon­tagnes flottantes
Un goulet suant       cyprine de la terre
Où tâton­nant à tra­vers les âges
Un être à notre image à peine plus courtaud
Regagne à l’aveuglette au fond du gouffre
Le lieu de sa nais­sance       abandonnant
Cette main puis­sante au petit doigt infirme
Et sur la voûte       titubant sous la torche
Une ombre mon­strueuse qui fuit devant nous
Le monde décevant

 

 

 

 

 

 

 

.Soci­olo­gie.

 

Ce songe insis­tant       se retirer
Un abri de roseaux au bord d’un étang
Frère des abeilles et des pies       à l’exemple
Des philosophes d’autrefois vie d’ombre
Indépen­dante et fière un jardin d’herbes
Et le ciel des saisons       entre deux lunes
Une amie en secret       longue liesse muette
Mais notre sort est autre       le désert
Peint tout à son image
Sur l’eau stag­nante un vis­age de faune
Les pas­sions une plainte inarticulée
Et le cœur avaricieux       moins homme
Que les abeilles qui dans la ruche serrent
Le miel qui con­serve l’espèce       moins
Qu’au faite des fayards les pies en conférence
Infirme       hébété       une stèle grossière
Au nom rongé par les saisons       où à peine
Sous la lèpre saurait-on reconnaître
L’architecte orgueilleux qui décimètre au poing
Cor­rigeait l’univers

 

 

 

 

 

 

 

.Économie.

 

Ce lourd pro­fil au front lau­ré DIVUS
AUGUSTUS vingt deniers d’argent
Coag­ulés dans la cen­dre au pied d’un autel
Paysage d’Arcadie où court à l’aventure
Un dieu velu au sexe énorme       échapper
Sur ses talons à l’ingrate nature poivre
Corne pilée gin­gem­bre on fait argent de tout
Les pièces polies par tant de mains hâtives
Que le vis­age arro­gant s’est dissous
Le vol­can a pris le reste le bouc et l’Arcadie
Et guéri le mal qui n’a pas de remède
Mais dans la lave où sont enfouis les ports
On a foui d’autres ports où débar­quent ginseng
Bois bandé même urgent désir même
Par­adis pro­fane       Blue pills American
Med­i­cine       seule a changé la monnaie
Des images frois­sées que rien ne magnifie
Ni argent ni César ni ban­deaux de lauriers
Pour bénir les philtres qui mieux que la nature
Nous font hommes

 

 

 

 

 

 

 

.Psy­cholo­gie.

 

Ne te con­nais pas       qui pour­rait vivre
S’il n’était à lui-même une énigme       langue
De jeune fille et cœur d’ogre       les humeurs
Bouil­lon­nent jour et nuit dans l’étuve des viscères
Les pas­sions fuient par tous les orifices
Larmes foutre ora­cles       comme du bec
D’un alam­bic       de sub­tils cabalistes
Ont cru pren­dre ce mon­stre dans leurs pentacles
La folie n’était pas fille du vent       l’amour
Des oscil­la­tions de la lune       une algèbre
Ver­tig­ineuse       5 sens 4 affec­tions 3 goûts
Class­es & sous-class­es       bâtis­sant aux champs
Des pha­lanstères       nous délivrant du hasard
Les sex­es accou­plés selon leur aiguillon
L’âme sèche avec l’humide       l’ardente
Avec la fraîche       har­monie scientifique
810 car­ac­tères assem­blés par paires
Société bigar­rée dont acca­bler les planches
Des bib­lio­thèques       et repeupler
Les Petites-Maisons

 

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