La poésie qui a rongé ma vie
m’en ren­dra-t-elle des relents dans la mort ?
Chaque poème qui s’ajoute
aux cen­taines déjà parus
lance un appel feu­tré à la fin du voyage.
On le reprend à trois heures du matin
ou le dimanche soir quand le spleen s’installe.
On n’en finit jamais de sculpter la façade.

 

                                            *

Et pour­tant l’é­mo­tion jail­lit de nos faiblesses.
La colombe à l’en­vers dans les vit­raux de Chartres
nous dit la dimen­sion humaine du chef d’oeuvre.
Un vers boi­teux chez Fran­cis Jammes
trou­ble mieux qu’un par­fait Racine.
La poésie n’est jamais sûre
de franchir la porte secrète.
Avec elle c’est comme avec Dieu
on paie très cher les certitudes.

                               (suite inédite)
 

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