Elle nage dans la terre
Au con­tact de la mer de la terre
elle prend une teinte très douce
une couleur indéfinissable
et presque infinie si une couleur peut l’être
comme après s’être frot­tée longtemps
à la vieil­lesse des choses
à l’éternelle jeune vieil­lesse des choses
Elle a de la peau de chamois sur elle
elle a du chamois en elle
dont elle bon­dit souvent
pour plonger à l’insu de tous
en dauphin sous la montagne
Elle évolue dans la terre
ain­si qu’une patineuse enfoncée
elle brosse douce­ment la grande grat­i­tude de la terre
elle repasse lente­ment dans tout ce chiffonné
comme une navette qui la tisse
au des­tin de la terre
elle y fait un tun­nel d’elle
où elle est la taupe enfin
ne lâchant plus qu’une bulle de terre de loin en loin
un petit vol­can démoli
toute à elle et à sa douceur désormais

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