de très longues lignes tra­versent les arbres
captent leur énergie
par­fois les arbres volent
la pluie du monde s’échappe
pousse mes pen­sées plus loin, près des pommes, du cheval

je vis très fort et ne nég­lige rien qui vient du ciel
je suis con­sciente de ma patience, de mes déplacements
de la laine sur mes doigts
des récip­i­ents de silence quand les fruits noircissent
leur couleur rap­pelle les meubles anciens
les toiles avan­cent, murs chauds près du corps

nuits qui tombent face au rouge
épais­seur qui se retire, qui part dans une forêt brûlée
tout ce temps à devenir muet
à trem­per ses mains dans les lumières claires
empreintes d’existence, tables en plein air
objets con­ti­nus près d’une porte, d’une voix
regarder un bou­ton de chemise bien cousu
autre instru­ment du visible

je mesure le vide
ce qui cède en moi

 

 

  
Trans-en-Provence, Remar­que, 2007. Avec une œuvre orig­i­nale d’Alexandre Hollan.
Repris dans Antholo­gie du présent, Mon­tréal, les édi­tions du pas­sage, 2012.
 

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