Des lam­pes en veilleuse, un jeu d’éclairages obliques, une pénom­bre fusant de la cloche des abat-jour à la manière d’un silence dont une cer­taine lumière serait la voix, le tim­bre voilé —
     Tout habil­lée sous l’édredon où elle se réfugie pour inviter mes mains à la dévêtir à l’abri des regards — de son regard
     Qu’éprouve-t-elle à se laiss­er devin­er sous des étoffes qui étouf­fent sa sil­hou­ette, épon­gent les creux drainés d’humeurs, rem­bour­rent les val­lon­nements moelleux, les dépres­sions fébriles, cam­ou­flent un paysage dont seule une recon­nais­sance à tâtons hon­ore les mystères —
     Comme si mes mains mod­e­laient des con­tours par­fois mou­vants, s’imprégnaient d’un relief dont la douceur me hante me hante —
     Comme si mes doigts dévelop­paient son plaisir selon la loi d’un temps rompu aux sur­pris­es, un temps scan­dé d’émerveillements où la décou­verte, inlass­able­ment reprise, ne cède qu’à la fatigue instru­ite d’une réciproque défection
     Je la sens se gan­ter d’une peau ravie au fan­tôme d’un corps con­stru­it par mes mains
     C’est une robe où l’abandon se meut
   Une phrase mod­ulée en silence qui dit avec les mots de ce que l’on voit ce que les yeux sont impuis­sants à décrire

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