De Damas à Alep, d’Izmir à Istanbul,
D’Accra à Aden et de Pétra à Kaboul,
Mon âme prend son envol comme un aigle emporté
Vers  l’espace des rêves et de l’éther  bleuté.

Le temps s’est évadé vers la nuit  des  aurores,
Baby­lone me fait fête dans ses voiles satinés,
Beth­léem  se recueille dans une crèche étoilée,
Et Byzance s’assoupit en fer­mant ses yeux d’or

Le Passé s’est paré des ailes mauves   des chimères
Et mar­qué des lieux purs de son sceau de lumière,
Mais  les noms qui défi­lent  ont du bronze emprunté
Leur métal immor­tel et  leur mâle fierté.

Somptueuse  Samar­can­de au sourire mystérieux,
Songe du grand  Khayyam dans les soirs si soyeux,
Sul­tane et sou­veraine d’un Tamer­lan fougueux,
Sous tes murs  se déploie   tout un monde  fastueux.

Voici le pur tré­sor des joy­aux de l’Orient,
La si noble Boukhara drapée d’un blanc caftan,
Por­tant dans son giron le Prince des savants,
L’illustre Avi­cenne, l’honneur d’Ispahan.

Sur la fière Neva plane une ombre romantique
Celle d’un  Tsar auto­crate au songe messianique,
Bâtis­seur d’une cité grandiose  et chimérique,
L’immense Saint Peters­burg, au style hiératique.

Les gon­do­les qui glis­sent sur les eaux patriciennes
Empor­tent vers le rêve les blondes vénitiennes
Car la Sérénis­sime en habit d’Arlequin
Fête le car­naval sous un masque sibyllin.

Près du Guadalquivir sourit l’Andalousie
Et la radieuse fos­sette qui creuse sa joue rougie
A comme   nom  Grenade à la grâce  infinie
Et pour rêve l’Alhambra et sa  ten­dre féerie.

Magie de tous ces noms por­teurs de tant d’Histoire,
Sor­tilège de ces lieux bril­lant dans les mémoires,
C’est Séville l’andalouse, C’est Cor­doue l’Omeyyade
C’est Cadix la mau­resque qui défi­lent en lançant des œillades.

La beauté s’est nichée comme une douce colombe
Au sein du Taj Mahal, resplendis­sante tombe
Ou le charme émanant de deux âmes réunies
Emplit la blanche Agra de douce  mélancolie.

Dans  les abysses du temps repose l’Atlantide
Fab­uleux con­ti­nent au renom invincible
Légende d’un âge d’or à l’essor indicible
D’où naî­tra une Egypte aux mys­tiques pyramides.

Ain­si durant longtemps  ces noms incantatoires
Charmeront les esprits  de leurs sons éblouis
Car l’énergie qui règne  dans leurs  let­tres vibratoires
A   doté  l’Univers d’un amour infini.

 

 

 

Poème extrait du recueil inédit : Les Larmes de la Colombe                    

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