poignée char­nue,
un panier plein d’ongles, un pont,

j’y entre comme dans un nouveau
print­emps, dans la défense civile,

j’y ren­tre les mou­tons et les fissures,
rien ne coule d’elle,

ne tour­bil­lonne. ma langue est La Mecque,
une poignée char­nue, le maquis

la végé­ta­tion qui s’enflamme toute seule.
quelque chose, le pénis de quelqu’un se dresse et brûle,

s’énonce, quelqu’un se lève
ouvre les fenêtres, ouvre le jour­nal, dit

bon­jour, belle journée ; ma langue
est la fièvre de foin, les vête­ments de la jeune Garbo.

la langue, hom­mage aux années quatre-vingt,
le grill, le présent sauvage et le parfait.

en elle vit un match de boxe & elle me chante,
les Cathares noirs traî­nent sur ma trace,

la langue, un camion que je trans­porte. ô,
ma parole croate ! goulache que je fait

par hasard, grenouille, dard de l’abeille dans
ma bouche qui m’incite à tout ;

le Mex­ique suinte de toi, je me rends dans toi comme dans
un café cher, une dona­tion, light & dust,

à toi mon frère et à Moïse je dis tu es à moi, l’appareil
d’où coule un espres­so som­bre, un rêve

 

traduit du croate par Van­da Mikšić, Bran­ki­ca Radić

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