UN OBJET (PERDU, DANS SON TEXTE TROP DUR)

 

Assis à son bureau,
il serre sa tasse de thé (doux thé),
la porte à sa bouche, boit
et écrit l´intraduisible.

sans lui, le soleil aurait frappé
sur toute la longueur de la fenêtre –
comme ça, un éclat, visée de dieu,
se promène sur sa façade,
sur sa face bais­sée. sans lui, les mots
ne dur­cis­sent pas :

ils voy­a­gent entre le corps et le temps,
dans un nulle part puis­sant. le proces­sus est long.
la sig­ni­fi­ca­tion épuisante. assis à son bureau,
il lève sa tasse, et boit ;

cette écri­t­ure se déroule comme une trop longue
langue de chien, il est obsédé par l´idée
des semailles. depuis la lettre,
som­bre pli de la ville, des voix jaillissent,
mon­tent, descen­dent et mur­murent longue­ment : grains,

venez trou­ver en nous votre terre.

 

traduit du croate par Van­da Mikšić, Bran­ki­ca Radić

 

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