“cadeau, une histoire d’amour”

Extraits

la mort nous effraie
dans l’idée de la perte
de la sup­po­si­tion du drame
il faut bien vivre de quelque chose
cette mort-là est une bluette
les effraies des clochers ont bien d’autres atouts, me dis-tu
oui si nous restons au village
au pied du sentiment
à ten­dre l’oreille des morts

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une non­cha­lance mortuaire

=

dan­sons-la, cette mort

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tes linges froissés
sont une fis­sure du vent
l’halètement du sauvage
un effet délétère sur mes mots
tu ris dans la nuit
et ton rire s’échappe au loin dans la forêt gazelle
l’eau coule sur tes épaules
frêles bretelles de soie qui glis­sent le long
de la nacre

=

je ne con­nais pas le rêve encore
de tes nuits domestiques
il y aura le temps de l’aube
pour déchir­er le voile
laiss­er courir sur l’onde les mots chevalets
qua­tre à qua­tre les menuets de tes rires
les ric­o­chets de ton corps man­darine sur ma peau abimée
sont les échos d’une noce dans le miroir de nos villes
ce que nous avons passé comme temps à nous connaître
laisse des min­utes à cara­col­er sur nos frontières
je ne suis pas encore né et tu demeures gardienne
d’un tem­ple aux étoiles vernissées

=

tes cheveux les songes la nuit le jour
tes cheveux les lacs les chem­inées les ongles
tes cheveux les lucanes les mouss­es les engelures
tes cheveux les hip­pocam­pes les galets les ficaires
tes cheveux les brouil­lons les tra­jets les histoires
tes cheveux les trains les pen­sées les joyeuses
tes cheveux la pluie l’anaconda le supplice
tes cheveux les papil­lottes les tropiques le chant
tes cheveux

=

cheveux d’ange

=

 

ce qui se retire
laisse une joie de travers

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ce qui se retire
ce qui se laisse
ce qui revient

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ce qui se retire
je penche sur une étoile un grand par­fum d’oubli
les instants silences les grands fleuves
ton onde silen­cieuse tes pas de feutre
lorsque se retire comme la cou­ver­ture du ciel

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j’apprends que tu n’es pas l’éternité de la poussière
ton incar­na­tion est au roy­aume de l’élégance
et j’avoue que je me crois nu à dessin­er ton regard

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à chaque bal­ance­ment se voile la méduse de tes mains
le temps n’a pas d’autre erreur à cal­culer sur la toile de tes reins
il se trompe de vague et d’algue et de mai­greur terrestre
file le long des grandes tra­ver­sées à ris­quer l’aveuglement des prouesses

=

il criera souf­flera épiera les ten­ta­tives ce qui sera passé l’ombre des paupières

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ce qui se retire net­toie tire la nappe des songes
laisse une pho­to­syn­thèse de mes mains emprun­tées une chair métallique proclame

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ce qui se retire
ce qui se laisse
ce qui revient

=

un grand corps éch­e­lon­né sur la berge offre aux sen­ti­ments les ponts de l’amertume
celle du sel par­fumé sais-tu ces cristaux cachés dans les zestes des arbres
ces grands êtres éphémères mal dans la peau de leur cuirasse écorchée
de temps à autre une main bouge elle donne la direc­tion des traces à éteindre
der­rière soi
ce qui revient
ce qui se retire

=

un rien de sable dans l’éclat de ton allure quand tu es celle qui marche au dia­ble du vent

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