Portes bien alignées. Quelques clefs de lumière gar­nissent les trous des ser­rures. Affiche pub­lic­i­taire- l’obturateur s’est fer­mé sur l’ombre d’un doigt qui pas­sait sur la jambe. La jambe telle­ment proche que l’on voit une mince couche de lignes et de gran­ules l’envelopper. Un écran de télévi­sion sem­ble dire. Un éboueur ramasse avec une main rugueuse le soir entier dans un passé

qui vient d’être dit.

          Sur le haut du mur qui longe la ruelle quelques seg­ments de vielles phrases,

(je n’ai lu que l’usure).

          J’aperçois aus­si de noires sil­hou­ettes voilées d’un blanc taché de noirs,

          des cours ciselées à la manière d’un livre et là où il y a ombre, il y a insom­nie et éveil de tous les éboulis,

          ligne et interligne, noix et écale de noix.

          Une riv­ière tan­née le long d’une guerre sans suite.
Et le cœur rougeoy­ant plein de sombres
          liqueurs,

          accueille à l’aube d’une hache l’histoire folle d’une ville.

          Nul ne pré­tend acquérir à cette heure de ronce
l’accomplissement
          de cette folie.

 

 

 

Extraits de Réc­its, par­ti­tions et pho­togra­phies, éd. La Passe du vent, 2007

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