La grenade  ce fruit que j’ai connu
au fond de l’exil à quar­ante ans
En cette longue Europe  sou­vent triste
Une tristesse qui m’a tout appris
Je le mater­nais  le fruit explosif
Je n’admettais pas qu’on s’en serve
Comme une arme de destruc­tion massive
Ce nom de fruit l’Andalousie
Lui dédi­ait des poèmes  là  dans les patios
Les par­fums   l’antre des amoureuses
et belles et grass­es et appétissantes
La guerre a sus­cité tant de poèmes
mais elle n’a jamais su dire le soir 
Son âme peinte d’un bleu
ni solen­nel ni mièvre juste un abri
Le recours con­tre la cohue

 

Bleu est le regard  bleu l’accueil le soir
Quand le jardin se laisse regarder
Comme une mai­son qu’on ne quitte
jamais   une mai­son   sa terre de miel
de vin et d’orgueil

Par la parole  la vue le toucher
J’espère la beauté
Sa trace au fond de moi comme
une âme à la remorque du soleil

 

à Lucile & François

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