Est-ce vrai­ment l’heure du grand désastre ?
Ici et là, on trou­ve encore des refuges.
Cer­taines forêts sont des refuges :
celles où les chênes, les charmes et les bouleaux
foisonnent.

Je con­nais une chambre
qui a tout d’une forêt.
Un poète vit là.

Passez un jour
– une heure seulement –
à ses côtés ;
vous titu­berez un peu.

Il faut dire que le poète
n’est pas n’importe quel chêne ;
il est majestueux,
il a plusieurs siècles.

Il est à la fois
forter­esse et cabane,
grotte et promontoire,
nuit pro­fonde et aube claire.

Il est foule et flot :
une faran­dole d’enfants et de vieillards ;
des jon­gleurs devenus troubadours.
Ani­ma, animus,
tour à tour.

Fatale­ment, arrivera le moment
de lui tourn­er le dos,
de quit­ter sa forêt.

Vous vous imaginerez
pass­er bientôt
un jour à ses côtés,
une heure seulement.

 

 

Mai 2016

 

 

Des chemins

 

Il y a ici
des chemins pour tes pas,
des nuages pour tes larmes.

Viens si tu aimes
te per­dre, te retrouver.
Nous inven­terons des détours.

Suiv­ons la crête
et restons là
à hau­teur d’oiseaux.

Per­dons le nord
et revenons sans lui.

 

 

Mai 2016

 

Je pour­rais opter pour l’audace, tiens,
moi qui ai trop écouté mes peurs ;
ten­ter encore la traversée
du con­ti­nent où j’ai lais­sé des plumes.

 

 

Mai 2016

 

Le can­cre­lat

 

Il ne fai­sait rien de ses journées
au fond de son trou noir
– rien d’autre que mor­dre terre et poussière.

Le voilà qui s’agite
et se fig­ure capa­ble de vivre
en pleine lumière.

 

          Juil­let 2016

 

Les belles ren­con­tres sans lendemain
ressem­blent à des mon­des inachevés
aban­don­nés par des dieux paresseux
dans un coin de cosmos.

 

Août 2016

 

Les belles ren­con­tres sans lendemain
sont des chemins de traverse
qu’on emprunte une seule fois
–      ils ne nous appar­ti­en­nent pas.
Puis on retrou­ve nos tristes trajectoires,
nos itinéraires sans surprises.

 

 

Sep­tem­bre 2016

 

 

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