À Eve­lyne Lefel

Ce n’est pas un doris caché dans les orties.
Ce n’est pas une soutane changée en sarbacane.
C’est une nef de bois entourée de cabanes,
Une longue demeure de mer aux murs de torchis,
Une lucerne d’outremer, mai­son de bois et de terre.

Les orties en avaient caché les torchis ;
Les vers en avaient aus­si mangé le bois.
Mais les mouch­es en ont fait un bateau,
Le bateau-mouche aux longs colombages.

Les ram­ages des portes, des poutres et des outres,
Elles sont pleines de cidre et de cavalcade.
Ce sont les mouch­es qui courent sur le bois du plafond.
Le toit de paille est four­ré d’ardoises rondes.

Elle a la main sur la porte et l’œil sur la poutre.
Et le chameau a tra­ver­sé le chas de l’aiguille.
Elle monte dans la cham­bre au son du cor.
Elle roule dans le roulis le bois de son corps.

En été, c’est la haute mer des herbes vertes,
Le lin bleu des grands murs croisés du ciel
La Caux passe comme un vais­seau sous la tour Eiffel.
Quel est ce chant puis­sant qui monte de l’océan ?
C’est à Sel­tot, la mai­son de Madame Lefel
Qui glisse sur les eaux bleues des fleurs du lin !
 

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