UN UNIQUE LIVRE : LE LIVRE D’UNE VIE

1885 – nais­sance à Con­flen­ti (Cal­abre) d’Antonio Porchia. Aîné de 7 enfants.

1902 – la mort du père con­traint la famille à émi­gr­er en Argen­tine, à Buenos Aires. Anto­nio en assure la sub­sis­tance, d’abord en tant que dock­er et jour­nalier, puis en tant que patron, avec un de ses frères, d’une petite imprimerie. Per­son­nal­ité réservée et généreuse, il fréquentera toute sa vie un groupe d’artistes, pour la plu­part émi­grés comme lui, regroupés en une asso­ci­a­tion dénom­mée Impul­so.

1936 — une fois sa famille établie, il choisit (ou est choisi) par la soli­tude, s’achète une petite mai­son avec jardin, où il passera son temps à peaufin­er ces sortes de « sen­tences » qui car­ac­térisent sa con­ver­sa­tion quo­ti­di­enne avec ses amis, et qui appa­rais­saient déjà dans les quelques arti­cles écrits dans sa vie de jeune mil­i­tant ouvrier.

1943 — sur les instances de ses amis d’Impul­so, il pub­lie à compte d’auteur un pre­mier recueil de ce qu’il appellera lui-même des « voix ». Embar­rassé par les 1000 vol­umes de cette pre­mière édi­tion, il décide d’en faire don à une insti­tu­tion qui coor­donne le réseau de bib­lio­thèques munic­i­pales qui cou­vre tout le pays. C’est ain­si que ses voix parvi­en­nent au fin fond des provinces argen­tines, où elles sont reçues d’abord avec sur­prise, puis avec vénéra­tion par des lecteurs atten­tifs ; beau­coup recopi­ent à la main les voix et com­men­cent à les faire circuler.

1948 : les réper­cus­sions secrètes de la pre­mière édi­tion amè­nent Porchia à en entre­pren­dre une sec­onde, tou­jours sous l’égide d’Impul­so, avec du matériel nou­veau. Un exem­plaire de la pre­mière édi­tion arrive entre les mains du poète et cri­tique français Roger Cail­lois, mem­bre du comité de rédac­tion de la pres­tigieuse revue Sur. Roger Cail­lois invite Porchia à pub­li­er dans Sur, où sont fréquentes les col­lab­o­ra­tions des plus émi­nents écrivains de langue espag­nole, ain­si que des tra­duc­tions de pre­mière ligne. Mais Cail­lois doit ren­tr­er en France, et la col­lab­o­ra­tion se heurte à des malen­ten­dus : on veut faire « cor­riger » à Porchia ce qu’on estime être des « fautes de gram­maire ». Porchia retire son texte.

Pen­dant ce temps, Roger Cail­lois traduit les voix et les fait éditer dans une pla­que­tte de la col­lec­tion G.L.M. (Voix, Paris 1949). La lec­ture de cette tra­duc­tion éveille l’admiration, entres autres, de Hen­ry Miller, qui fait fig­ur­er Porchia par­mi les 100 livres d’une bib­lio­thèque idéale ! Le renom de l’édition française va enfin don­ner aux Voix l’occasion d’être pub­liées dans la revue Sur. À la suite de cela, les édi­tions Hachette pub­lieront en Argen­tine une sélec­tion de Voces, aug­men­tées de Nuevas voces (1966).

1968 — mort d’An­to­nio Porchia à Buenos Aires, le 9 novembre.

La fas­ci­na­tion ne se relâche pas : tan­dis qu’en Amérique du Sud, les réédi­tions suc­ces­sives d’Hachette sont épuisées, les Voix sont traduites et pub­liées en Bel­gique, en Alle­magne, aux États Unis, en Ital­ie et rééditées en France.

2006 — pub­li­ca­tion par les édi­tions Pre-Tex­tos (Valen­cia) de l’édi­tion inté­grale des Voix d’An­to­nio Porchia, aug­men­tée d’un impor­tant appareil cri­tique ; c’est sur cette édi­tion que s’est appuyée la présente traduction.

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