Helga M. Novak

Par | 21 juin 2012|Catégories : Blog|

Par son intro­duc­tion, Jean-François Nom­iné nous per­met d’approcher à la fois l’écriture et la vie d’Helga M. NOVAK. Il y fait le par­al­lèle entre la « langue per­cu­tante » et les « rup­tures exis­ten­tielles », nom­breuses, qu’Helga M. NOVAK a endurées : orphe­line, elle a con­nu la nais­sance d’une dic­tature, la guerre, des exils douloureux…

Fatale­ment, l’animosité grandit :

 

ma patrie tu pues
la grande foire aux bestiaux
je me pince le nez
et tourne à gauche

On trou­vera dans le recueil d’autres poèmes-coups-de-poing.

 

MODE D’EMPLOI

bouffe
vends
riposte
bouffe
vends
riposte
ne brode pas sur le canevas de ta faim

le soleil de tes utopies
n’attends pas l’heure dernière
pour hap­per ta plus belle étoile
bouffe
vends
riposte

riposte
riposte
riposte

 

On crois­era des uni­formes, des hauts fourneaux, mais un peu d’espoir aussi.

 

je suis est-alle­mande et je traîne
der­rière moi un boulet d’espoir.

 

L’espoir s’envole pour­tant. Car quelle que soit la direc­tion que choisit son regard, Hel­ga tombe sur une nou­velle tragédie. Il lui arrive de jouer alors le rôle d’Antigone, de défendre ceux – celles sou­vent – que l’histoire aban­donne sur le bord de la route. On trou­vera dans le recueil une mag­nifique let­tre à Médée et, juste après, un texte dans lequel Hel­ga s’inquiète du sort des femmes girafes lorsqu’elles sont accusées d’adultère. Hel­ga M. NOVAK est plus frag­ile qu’Antigone cepen­dant. Un grand vide l’accompagne tou­jours, depuis l’origine, depuis l’abandon. Alors, au détour d’un poème, on la sent vaciller.

 

tan­guant et roulant comme une vieille corvette
la dame ivre du parc dans le matin
est peut-être ma mère
peut-être ma sœur ma fille
elle me ressem­ble tant

Et plus loin :

aucune mère ne me nour­rit jamais
ni même ne me changea mes langes
celle qui me mit au monde ne ressentit
que sa seule douleur
je n’existais pas pour elle
je fus donc libre à l’âge de trois jours

 

L’exil ajoute du vide au vide. La nos­tal­gie qui tra­verse les poèmes inti­t­ulés Sup­plique à Sarah et Tout me revient est immense.

Alors on sort de cette lec­ture boulever­sé. Avons-nous tra­ver­sé ces épreuves ? Avons-nous été les con­fi­dents d’une amie qui les a tra­ver­sées ? Le livre refer­mé, la voix d’Helga vibre encore à notre oreille.

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Helga M. Novak

Par | 21 juin 2012|Catégories : Blog|

Hel­ga M. NOVAK est née en Alle­magne en 1935. Elle a passé une grande par­tie de son enfance en Alle­magne de l’Est. Elle est dev­enue plus tard citoyenne islandaise, puis a quit­té l’Islande et a erré en Europe, jusqu’au jour où elle s’est instal­lée – en 1987 – en Pologne. Peu con­nue en France, le nom d’Helga M. Novak fig­ure dans l’Antholo­gie bilingue de la poésie alle­mande que fait paraître Jean-Pierre Lefèb­vre dans la col­lec­tion de la Pléi­ade de Gal­li­mard en 1993. C’est l’éditeur Buchet / Chas­tel qui pub­lie, en 2007, le pre­mier recueil en français.

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