« Restituer l’émotion poé­tique à volon­té, en dehors des con­di­tions naturelles, où elle se pro­duit spon­tané­ment et au moyen des arti­fices du lan­gage, telle est l’idée attachée au nom de poésie. »

Paul Valéry

L’épigraphe de Valéry qui fig­ure dans « Intro­dução ger­al »[1] de l’œuvre organ­isée par la poète brésilien et sec­onde femme de Cabral, Marly de Olveira, n’est pas un hasard. Con­sid­éré comme un « poète du tra­vail », João Cabral de Melo Neto (né en 1920 à Recife et mort  en 1999 à Rio de Janeiro), sera un poète de la recherche, de la « tran­spi­ra­tion » du poème ; un fleuve intran­quille, un tra­vailleur des mots, de la Parole ; un per­son­nage inou­bli­able de la poésie brésilienne.

João Cabral com­mence à fréquenter les cafés lit­téraires, en 1938, en com­pag­nie du cri­tique lit­téraire  Willy Lewin et du pein­tre et sculp­teur brésilien, Vicente do Rego Mon­teiro. Entre 1940 et 1942, João Cabral part s’installer avec sa famille à Rio de Janeiro, où il fera la con­nais­sance de Car­los Drum­mond de Andradre et de Muri­lo Mendes. Il pub­lie Con­sid­er­ações sobre o poeta dor­min­do en 1941, avant de paraître son pre­mier recueil de poèmes, Pedra do Sono, en 1942, à l’âge de vingt-deux ans. Ce recueil de fond sur­réal­iste mar­quera toute la phase  « expéri­men­tale »  de la con­struc­tion poé­tique cabra­line inspirée par Valéry et Mal­lar­mé, et influ­encera le Con­crétisme brésilien.

Les années 1940 vont mar­quer la pub­li­ca­tion de O Engen­heiro et de Psi­colo­gia da Com­posição, mais égale­ment celle d’un long essai sur Miró. En 1950, Cabral pub­lie O cão sem plumas, pre­mier recueil emblé­ma­tique de la représen­ta­tion du paysage rur­al du Nordeste brésilien, avec O Rio ou a Relação da Viagem que Faz o Capibaribe de Sua Nascente à Cidade do Recife, pub­lié en 1954, qui vaut le Prix José de Anchi­eta.

En 1956, João Cabral reçoit le Prix Ola­vo Bilac de l’Académie Brésili­enne de Let­tres et pub­lie le  célèbre poème  Morte e Vida Sev­e­ri­na et, ensuite, Pais­agens com Fig­uras.

1956 sera égale­ment l’année où Cabral habit­era la région d’Andalousie. Jusqu’en 1962, Cabral sera affec­té deux fois à Séville. La ville andalouse sera dess­inée et revis­itée sans cesse dans les poèmes de Cabral. Le poète brésilien con­stru­ira Séville en se prom­enant par un espace-femme, une ville sen­suelle, chan­tée, peinte, à la fois urbaine et rurale dans  Sevil­ha andan­do (1987–1993) et Andan­do Sevil­ha (1987–1989)

Quader­na paraît à Lis­bonne, en 1960 ; et Dois Par­la­men­tos, à Madrid, la même année.

A Edu­cação pela pedra, autre recueil « pier­reux » et con­tem­platif du tra­vail poé­tique de Cabral, paraît en 1966, année où le poète per­nam­bu­cano reçoit le Prix du meilleur auteur vivant à Nan­cy ; Le Prix Jabu­ti, celui de L’União dos Escritores de São Paulo et le Prix de l’Insti­tu­to Nacional do Livro.

En 1979, Cabral pub­lie A esco­la das facas. Est décoré Grand-Offici­er de l’Ordre du Mérite du Sénégal.

Entre 1981 et 1989, João Cabral exerce ses fonc­tions d’ambassadeur au Hon­duras, pub­lie Poe­sia críti­ca, reçoit le Prix Moin­ho Recife, pub­lie Agrestes (1985) ; devient Doc­teur Hon­oris Causa par l’Université Fédérale du Per­nam­bouc et pub­lie Crime na Calle Rela­tor, en 1987.

En 1990, Cabral se retire de la vie diplo­ma­tique et pub­lie Sevil­ha andan­do. Reçoit, à Lis­bonne, le plus grand prix lit­téraire luso­phone, Luís de Camões ; et, en 1992, à Rio de Janeiro, il reçoit de l’ambassadeur espag­nol, à la Mai­son d’Espagne, la Grand-Croix de l’Ordem de Isabel, a Católi­ca.

Six ans avant sa mort, João Cabral de Melo Neto reçoit le Prêmio Jabu­ti, par la Câmara Brasileira do Livro.

 


[1] João Cabral de Melo Neto. Obras Com­ple­tas, org. Marly de Oliveira, vol­ume úni­co. Nova Aguilar, 2006)

 

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