Brigitte Giraud

Par | 15 février 2014|Catégories : Blog|

Brigitte Giraud vit à Bordeaux.

Elle écrit prin­ci­pale­ment de la poésie et se pas­sionne par la rela­tion texte/image vidéo.

 

Ouvrages col­lec­tifs :

- La Mémoire con­tre la nuit ,  édi­tions du Pas­sant, 1997
- Villes au bord du monde ,  édi­tions Le Jardin d’essai, 2000
- L’instituteur , édi­tions Del­phine Mon­ta­lant, 2007

 

Théâtre :

- “L’avenir dure longtemps” , 2010, elle crée la dra­maturgie d’un spec­ta­cle théâ­tral avec le théâtre des Tafurs dont elle est Prési­dente. Ce spec­ta­cle a été pro­duit à la Mai­son Can­tonale de la Bastide ain­si qu’au Globe Théâtre à Bordeaux.”

 

 Poésie :

- Des ortolans et puis rien , 2005, pub­lié par les édi­tions Pleine Page. On est à la fois dans le réc­it, le jour­nal et la poésie.

Ce texte sur la mort du père a été mis en voix par le Théâtre des Tafurs dans le cadre de Novart 2005.

- La Nuit se sauve par la fenêtre , édi­tions Pleine Page, 2007, a obtenu le prix Jean-Follain.

- Le dés­espoir amoureux de la vie , l’anorex­ie un mys­tère gal­vaudé , édi­tions Le Bord de L’eau, 2009, pose un regard et une réflex­ion sur un trou­ble douloureux.

Avant-pro­pos du Pr Claire Series et pré­face du Pr Gérard Ostermann.

- Seule­ment la vie, tu sais , édi­tions Rafael de Sur­tis, 2012,

est un par­cours urbain, dans Bor­deaux, tra­ver­sé de mou­ve­ments, de déplace­ments et de tra­jec­toires amoureuses.”

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Brigitte Giraud

Par | 5 octobre 2012|Catégories : Blog|

“On croit s’éloign­er, on tend seule­ment la corde du retour.”, écrit Brigitte Giraud dans Seule­ment la vie,  tu sais, sa dernière livrai­son poé­tique. Voilà qui illus­tre bien le chemin d’écri­t­ure de l’au­teur. Comme dans ses précé­dents recueils, Brigitte Giraud nous offre une poésie de mouvements.

  Un train venu des brumes du nord file vers Bor­deaux. Dans la cité giron­dine, le tram de la ligne B sil­lonne la ville.  “Mou­ve­ment dans le mou­ve­ment ” des rails ici et là-bas, un car­rousel tourne sur son axe avec ses chevaux de bois, des cordes à linge ou à songe se pen­dent dans le vent, des oiseaux grif­fon­nent le ciel de leurs signes improbables.

  Mais ” aucun pédalier n’ac­tionne jamais le monde, aucune hor­loge jamais n’a indiqué l’heure juste “. Le retour est déjà là, avant même que de par­tir, dans le temps comme dans l’e­space. Le retour de l’être aimé qui aime une autre femme aux yeux verts et au cor­sage bleu, au ” sang jeune “. Le paysage ne tient plus debout. L’at­tente trébuche sur les corps lourds. Les mou­ve­ments mêmes du désir ne sont plus des lieux sûrs. 

  C’est que l’homme du train, qui revient sans être jamais par­ti, laisse devin­er un autre homme, celui du tram, dans une géo­gra­phie incer­taine ” sur l’échangeur des sen­ti­ments “. La nar­ra­trice, car c’est bien, aus­si, un réc­it qui agit tout au long de ces pages enrayées, sent [son corps tout entier gliss­er dans la fis­sure du désir ].

  D’où, peut-être, la néces­sité de retenir ce qui doit être retenu, des émo­tions comme des sou­venirs, sur un calepin ou dans une boîte en métal. Mémoire et oubli, liés par le même souf­fle, se livrent un com­bat sans mer­ci sur les berges de la fatigue. Le vide est à l’af­fût ; il ne faut pas tomber.

  ” Je rat­trape tous les frag­ments de toi-même. “, écrit Brigitte Giraud. L’en­fance, ce rivage où l’homme four­bu revient tou­jours, égrène ses lita­nies de cour­til­ières, de silences et de chiens jaunes. Un cheval passe aus­si. Qu’on retrou­ve inven­té sur le car­rousel bien­tôt immo­bile. Une petite fille s’ac­croche à lui, demande à son père si l’an­i­mal est mort par temps de pluie.

  La plume de Brigitte Giraud, dans le trans­port des métaphores et le relevé des nota­tions ordi­naires, émarge une fois encore au reg­istre des émo­tions qui trou­blent le vis­age de l’amour aus­si bien que celui de la ville. De nom­breuses images, celle notam­ment du manège aux chevaux de bois, pour­raient faire penser à Léo Fer­ré pen­sant lui-même à Ver­laine. Il y a de la musique dans la poésie giral­di­enne. Les mots tament-tament, rauques ou feu­trés, les notes par­fois bégaient, ” Pleut. Re-pleut. Pleut. Pleut. “, et l’alexan­drin sou­vent, qui n’est pas invité, impose sa lenteur : ” L’om­bre sauve tou­jours une part de mémoire “.

  Par­fois, dans une langue aux con­tours plus blancs, plus frag­iles, c’est à Mar­guerite Duras que l’on songerait. ” Elle dit que les amants du tram souf­frent et jouis­sent en même temps, que les livres ont tou­jours une longueur d’a­vance sur la mort. Elle dit que cette pen­sée est insupportable. ”

  Seule­ment la vie, tu sais, pub­lié par Paul San­da aux édi­tions Rafaël de Sur­tis, con­firme un tal­ent récom­pen­sé en 2006 par le prix Jean-Fol­lain et remar­qué par Antoine Emaz dans la revue N4728 qui pub­lia un extrait de ce recueil.

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