Pierre Lepori

Par | 27 mai 2012|Catégories : Blog|

Pierre Lep­ori est né en 1968. Il vit à Lau­sanne et tra­vaille pour la radio suisse ital­i­enne. Il est poète, romanci­er et tra­duc­teur. Pierre Lep­ori a fondé la revue Hétéro­graphe, revue des homolit­téra­tures ou pas.

http://www.heterographe.com/

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Pierre Lepori

Par | 20 mai 2012|Catégories : Blog|

L’édition suisse nous offre la pos­si­bil­ité de lire en langue française le pre­mier recueil poé­tique pub­lié par Pierre Lep­ori en 2003. Le poète est une fig­ure impor­tante de la vie intel­lectuelle suisse, ver­sant « ital­ien ». Romanci­er, (Sex­u­al­ité, édi­tions d’en bas, Lau­sanne, 2001), auteur d’essais et spé­cial­iste du théâtre, fon­da­teur de la revue queer, Hétéro­graphe, revue des homolit­téra­tures ou pas, il est aus­si jour­nal­iste pour dif­férentes radios du ter­ri­toire suisse.

La langue est « sim­ple, des accents lyriques mod­érés, des élans métaphoriques et par­fois une veine pré­cieuse, mais qui reste ténue, acces­si­ble, soutenue par un rythme con­trôlé ; une langue écorchée, pour­tant, et ren­due puis­sante par la force d’images vives et d’enchaînements fougueux qui pro­jet­tent le lecteur dans une dimen­sion très vaste, entre atmo­sphère onirique (plus de l’ordre du cauchemar que du rêve), ombres aux arché­types enfouis, his­toire vécue dans la chair, tour­men­tée, qui trem­ble der­rière chaque vers, et une dimen­sion chorale, allé­gorique » écrit Fabio Puster­la dans son éclairante pré­face. Une poésie dont on perçoit la lente mat­u­ra­tion dans le cœur même de sa sim­plic­ité, une poésie où l’on sent la dif­fi­culté du devenir poète. Cer­tains le sont d’emblée, d’autres se décou­vrent, s’acceptent pro­gres­sive­ment poètes. Lep­ori en Suisse, comme Bau­mi­er en France, est dans ce dernier cas. Du coup, la parole vient des pro­fondeurs de l’être et de l’âme, elle sur­git de l’obscurité, en même temps affron­te­ment avec l’ombre et résul­tante en mots de ce con­flit intérieur. Alors le poème passe de l’horizon de l’intériorité à celui de l’extérieure Polis : il devient ce que le poète est.

Mais l’enfant est un bois, et les feuilles
sont pour­ries ; les pieds scandent
un bruit de marécage très lent,
il avance et descend vers le noir des opposés :
là où l’attend la peur
dont le corps se souvient,
au milieu, vers les bords
qui soudent la toile de la mort,
au point exact où l’inanité se déchiffre

Et seul, les pieds nus, il erre.

[extrait de Formes d’eau]

 

III

Et voici qu’enfin
comme dans un rêve sans
éboule­ment du temps tu te retrouves
à prier seul
de l’autre côté.

Aucun dieu à l’horizon,
mais l’ombre d’un chant à peine perceptible
qui t’accueille,
tiédeur.

Com­bi­en de temps durera
ce soulève­ment de draps dans le vent
et ces prés scintillants
ce presque éveil ?

[extrait de Du Pur­ga­toire]

Vers la revue Hétéro­graphe, revue des homolit­téra­tures ou pas
http://www.heterographe.com/

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