Le bon­heur est dans la garrigue,
Dans les vignes, dans le maquis…
Je laisse aux rumeurs mes intrigues,
Mes bouts-rimés et mes croquis.

 

Je laisse aux cin­tres mes costumes,
Mes tragédies pleines de trous,
Mes haut-le-coeur, mes amertumes,
Mes coups tor­dus et mes courroux.

 

Je laisse aux vents mes anecdotes,
Mes lam­beaux aux épouvantails ;
Je meurs, pour le plaisir des doctes
Sœurs, tout entier et en détail.

 

Je laisse aux gueux mes vieilles laines,
Mes cor­nets, mes dés, mes hasards,
Ma cale­basse à moitié pleine,
Ma camelote de bazar…

 

Je laisse toute ma quincaille,
Ma marinette, mon pointu,
Mes coquil­lages qui rouscaillent,
Ma man­do­line aux forvêtus.

 

 

 

Marinette : ancien nom de la boussole.
Pointu : embar­ca­tion de Toulon, pointue des deux bouts, gréée d’une voile latine.
Forvê­tu : homme de rien à qui on a mis un bel habit, qu’on a vêtu hors de sa con­di­tion. L’orthographe fort-vêtu n’a pas de sens.

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