Si le cul vous en dit asseyez-vous dans l’herbe
O mes garces avant que ne vienne un rimeur
Un amant du Par­nasse un sup­pôt de Malherbe
Dont la Muse éhon­tée n’est plus dans sa primeur

 

Si le cul vous en dit enfourchez ma draisienne
Ce chemin caho­teux ser­pente jusqu’au bois
Vous y ren­con­tr­erez sans doute l’Arlésienne
Des chevaux de cit­rouille et la Mort aux abois

 

Si le cul vous en dit ramons jusqu’à Cythère
Abor­dons à Cor­fou débar­quons à Capri
Goû­tons les doux séjours aux deux bouts de la terre
Nous nous réveillerons dans un plume à Paris

 

Si le cul vous en dit grimpez dans ma carriole
Tirée par des hi-hans à tra­vers des décors
D’opérette où garçons et filles cabriolent
S’étreignent pour la vie font folie de leur corps

 

Si le cul vous en dit poussez l’escarpolette
Je ne me lasse pas de bigler vos dessous
J’y cueille le souci la rose la violette
Et puis je m’en retourne à ma machine à sous

 

Si le cul vous en dit descen­dez sur la rampe
Je crèche dans le toit d’un immeu­ble cossu
A minu­it j’y reçois des potes de ma trempe
Nous réparons le monde Com­ment l’avez-vous su

 

Si le cul vous en dit écartez vos dentelles
Der­rière mes fagots où dépar­le un vin vieux
Où crâne mon fusil où mon orgue à bretelles
Ressasse les arias des quais oblivieux

 

Si le cul vous en dit prenez donc une chaise
Je me carre un moment dans mon vilain crapaud
Débour­rer votre cœur faites fi des fichaises
Etren­nez des mots crus sortez de votre peau

 

Si le cul vous en dit vautrez-vous sur mon page
Depuis mis­éréré jusques à vitulos
Mes mus­es j’en ai eu des bagages des pages
Des béguins à trouss­er qui ne valaient pas l’os

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