Fig­urez-vous le matin, mon Raleigh rouillé
sif­flant de colère, glis­sant sur Sta­tion Road,
remon­tant en flèche des files de Cam­briens aux yeux rouges
qui pleurent pour Lady Spencer.

Si rien ne changeait jamais les trains auraient eu du retard,
mais ce jour-là la tea-lady sec­ouait d’in­cré­dulité sa vieille perruque.
Le punt­ing n’é­tait que pour les touristes et les étu­di­ants du pre­mier cycle ;
les devoirs, à écrire et à not­er, pour les étu­di­ants de Home­r­ton College

Ils l’ont enter­rée le mois de sep­tem­bre de mes vingt-cinq ans.
Elle n’avait jamais été trop aimée d’au­cun des mem­bres de sa belle-famille.
On croy­ait Austen,  mais quelque chose n’al­lait pas dans le timing.
Ce n’é­tait pas le blues de la ren­trée qu’éprou­vaient les petits princes.

J’en­seignais le français dans un vil­lage de pêcheurs
où l’on voy­ait d’un mau­vais œil les his­toires romantiques,
où les poches sous les yeux avaient le noir des tatouages,
et l’haleine de tabac m’aver­tis­sait que les goss­es avaient intérêt à mieux faire.

En classe, John lisait tou­jours dans les nuages plutôt que dans son livre.
Vous savez que Lady D. est morte à Paris, mademoiselle?
Pourquoi il a fal­lu qu’elle parte je l’ig­nore; apporte les fig­urines en feutre
— plus adap­tées à décrire la chas­se à courre que la grammaire.

Une fois, il m’a demandé si j’é­tais vrai­ment française, car  mon nom
et mes yeux bridés lui don­naient envie de hurler en Chinois.
Har­rod’s n’é­tait évidem­ment pas bri­tan­nique à cause de Dodi Al-Fayed.
cœur généreux et grande for­tune fai­saient une alliance suspecte.

En ce sep­tem­bre-là les pubs d’An­gleterre servirent des blondes amères.
Des types ivres frap­paient à la porte du gar­di­en et s’en­fuyaient en riant,
cer­tains vom­is­saient sur son pail­las­son et repar­taient, titubant
et pleu­rant. Oh, hier vint si brusque­ment, Lady Di est morte.

 

Traduit de l’anglais par Mar­i­lyne Bertonci­ni, avec l’aide de l’auteur.
 

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