because mem­o­ry has weight, and we can­not afford
to have it weigh us down.
                              — Abra­ham Tan

two months, and I have forgotten
every­thing you describe.

you can­not imag­ine this silence. your world
is found­ed on remem­bered things:
the absence of salt in the air, acrid wind,
sea. mine is built on reminders. you say
that I must be grow­ing old, as if
you know the truth and it is worse.

par­don? I will for­get the words before you repeat them.
all that occurs to me, now:

the trem­ble of your voice, hesitant,
like the sky break­ing on anoth­er shore.
Less than dis­tant from where we are.
Noth­ing I have seen, before.

 

parce que la mémoire pèse, et que nous ne pou­vons pas nous permettre
de la laiss­er nous écraser.
Abra­ham Tan

 

deux mois, et j’ai oublié
tout ce que tu décris.

tu ne peux pas imag­in­er ce silence. ton monde
se fonde sur les choses dont on se souvient :
l’absence de sel dans l’air, le vent âpre,
la mer. la mienne est bâtie sur des pense-bêtes. tu dis
que je dois vieil­lir, comme si
tu con­nais­sais la vérité et c’est pire.

 

par­don ? je vais oubli­er les mots avant que tu ne les répètes.
tout ce qui m’arrive, maintenant :

le trem­blé de ta voix, hésitante,
comme l’accalmie du ciel sur un autre rivage.
Moins dis­tant que là où nous sommes.
Rien , je n’ai rien vu, avant.

Tra­duc­tion de Mar­i­lyne Bertoncini

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