After south­ern storms struck Alaba­ma on 27th April, 2011, frag­ments of the vic­tims’ belong­ings – includ­ing count­less pho­tographs –were deposit­ed across Ten­nessee and Geor­gia. Some have been found and returned. 

 

We nev­er for­got the day he dropped in on our dri­ve­way, laughing,
a hole in his heart. Before the storm was over a card had landed
into the absence of his hand, its words woven over – when we found it
after­wards – by fin­gers of grass. Out of the blue! it read, just want­ed to look 
in on you and see how you were doing. Love, mom. With­in a week it seemed
like all the chil­dren of Alaba­ma were falling from the sky. We picked them
one by one from the lawn, the porch, Mother’s white rose­bush; clambered
onto the roof to retrieve their sib­lings. A few had lost limbs (like the last child
who couldn’t fol­low in the Piper’s wake) but were lift­ed like­wise, beyond
voli­tion, into the upper reach­es of our home. Most were hap­py. Others
had windswept smiles, eyes glazed and far­away, and wrapped themselves
around scat­tered things: A whis­tle. Bits of string. A grand­dad, and pages
from a fam­i­ly Bible: Father, You loved me before the cre­ation of the world. 
On the last day of April, Moth­er took them in a gild­ed box to where Toby lay
beneath the cross in the gar­den, knelt to give thanks, then buried them
by his side. He’s got com­pa­ny now, don’t you think? We watched the rain
fall uncloud­ed to the earth, and knew.

 

Après les tem­pêtes trop­i­cales qui  frap­pèrent  l’Alabama le 27 avril 2011,  des frag­ments d’objets appar­tenant aux vic­times – y com­pris d’innombrables pho­togra­phies – furent répan­dues à tra­vers le Ten­nessee et la Géorgie. Cer­taines ont été retrou­vées et renvoyées.

Nous n’avons jamais oublié le jour où il tom­ba dans notre allée, riant, un trou au cœur. Avant la fin de la tem­pête une carte avait atter­ri dans l’absence de sa main, ses mots entretis­sés – plus tard, quand nous l’avons trou­vé – aux doigts de l’herbe. A l’improviste ! lisait-on, juste te surprendre
et voir com­ment tu allais. Bais­ers, maman. En moins d’une semaine il sembla
que tous les enfants d’Alabama tombaient du ciel. Nous les cueil­lions un par un sur la pelouse, le porche, le rosier blanc de ma mère :
grimpions
sur le toit pour récupér­er leurs frères. Quelques uns avaient per­du des mem­bres (comme le  dernier  enfant qui ne pou­vait pas suiv­re les traces du Joueur de Flûte) mais s’étaient hissés égale­ment, sans même le vouloir, jusqu’aux points les plus élevés de notre mai­son. La  plu­part étaient heureux. D’autres avaient des sourires bal­ayés par le vent, des yeux vit­reux et loin­tains, et s’enveloppaient autour d’objets éparpil­lés : un sif­flet. Des bouts de lacets. Un grand-père, et des pages d’une Bible famil­iale : Père, tu m’aimais avant la créa­tion du monde.
Le dernier jour d’avril, ma mère les por­ta dans une boîte dorée à l’endroit où repose Toby
près de la croix dans le jardin, elle s’agenouilla pour remerci­er, puis les enter­ra à côté de lui. Il a de la com­pag­nie, main­tenant,  qu’en pensez-vous ? Nous avons regardé les nuages de pluie qui tombaient par paque­ts sur la terre, et nous sûmes.

Tra­duc­tion de Mar­i­lyne Bertoncini

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