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Les seuils ont viré bleu
sous la fumée des orages
La terre à bout de source
nous attend
Nous tend ses lacets
Et partout sur les seuils
la sandale sèche du désir.
in Herbes, Donner à voir 1995
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La lumière voyage
de place en place
D’où venue ?
Circule dans nos corps
aussi loin que s’ouvre la vie
L’espace est si grand
entre nos yeux
S’il n’a pas de nom
nous le baptiserons
de la couleur du feu
sur l’eau.
in Grains de lumière, l’épi de seigle 1999.
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Tout s’allège dans la lumière
Le ciel étire les yeux
en double récompense
Le chant se faufile entre les ronces
comme un oiseau chercheur d’air
Il sème des graines de joie
d’une friche à l’autre
Un parfum d’herbe sauvage
annonce sa venue
jusqu’à ce nid d’ombre
où s’arrondit l’œuf du jour.
in Grains de lumière, l’épi de seigle 1999.
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Vendez-moi
des graines de silence
à faire germer dans la profondeur
des chambres
Vendez ‑moi
le temps dormant des feuilles
et les chemins de force
où surprendre la lumière
Le pas doux du cheval
en travers de la route
ses sabots de fer à même le cœur
comme une cognée
Vendez-moi
du silence par paquets
je vous paierai en monnaie de paille
en souffle heureux.
in Le fil des jours, Donner à voir 2007.
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La fleur a croisé
son poids de soleil et d’eau
Tout silence lié
dans les feuillages du jour
Le ciel lui est devenu parole
Parole sa couleur
Et la voici Rose
debout dans la clameur solaire
épelant la part de lumière
qui la crée.
in Quelques roses pour ton jardin, Atelier de Groutel, 2011
Tirage limité sous presse typographique
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Je la vois
à l’intérieur de sa chair
amour dont le silence
est la seule parure
La nuit l’enveloppe
sans la cerner
comme une main
le ferait d’un visage
Au matin
elle donne ce qu’elle est
sans effusion
comme on respire.
in Quelques roses pour ton jardin, Atelier de Groutel, 2011
Tirage limité sous presse typographique
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Tu entres
au cœur de l’espace
comme dans un nid
où tu poserais les ailes
Un duvet de rose
à tes pieds
pour te consoler
du poids de la terre
Et toujours
autour de toi
cette douceur de l’air
qui te dit
que toute chose
est habitable
ici-bas.
in Le temps d’ici, éditions Rhubarbe 2013.
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Nous aimons toujours pour la première fois
l’œil plein d’un premier soleil à venir
Le réel nous soulève au-dessus des herbes
là où viennent boire les bêtes
du cœur des sources
Une coulée d’air nous retient
entre deux visages
comme une parole en route vers la mer.
Nous aimons toujours pour la première fois.
in Le temps d’ici, éditions Rhubarbe 2013.
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C’est un petit jour
qui rayonne
du peu qu’on lui demande
Juste assez
pour le bonheur du dos
et l’allant de la marche
On suit la route
qui va d’elle-même
où il faut aller
Semblable au panier
que l’on porte
Si on lui demandait plus
où irait-on ?
(inédit)
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Entre rire silence et pensée
nous ne savons ce qui s’écrit
La magie se donne sans filet
dans l’afflux des vagues
Elle passe pour passer
Nous rejoint parfois
où nous sommes.
(inédit)