En 2008, Pascal Boulanger, poète dont nous apprécions l’œuvre au Recours au Poème, publiait cet étonnant opuscule, au catalogue de l’inclassable maison de Charles-Maxence Briseul, le corridor bleu. Il est intéressant d’en dire deux mots, quatre ans après, et après que Boulanger ait publié d’autres travaux, peut-être plus directement politiques – et même fortement anticapitalistes, ainsi au détour de certains vers de son lierre la foudre.
Il y a cependant déjà une forte contestation au cœur de ce Jamais ne dors. Elle est verticale : c’est la contestation qui provient du dedans même de l’Amour, une contestation très violente malgré les apparences, celle d’un Jean de La Croix. Bien sûr, la quatrième de couverture dit vrai au sujet des vers amples et claudeliens développés ici par le poète, de même à propos du dialogue entre les diverses formes de l’amour.
Cela est vrai. Pourtant ce qui importe est ailleurs : cette poésie de l’Amour est poésie de l’entier conflit avec le monde tel que nous le connaissons maintenant. Non pas un conflit guerrier, c’est même tout le contraire. Car comment mieux aimer ce monde qu’en entrant en conflit avec ce qu’il ose devenir ? Il faut croire en l’Amour.
En cela que dit Boulanger : « le tout amour ».
C’est le lieu même du Politique, maintenant.