Passeuse de pépites littéraires, la poète Isabelle Macor a traduit La fabrique de levure de Jakub Kornhauser, qu’elle a présentée en édition bilingue, aux éditions LansKine, en mars 2018.
Le poète (lui-même traducteur, essayiste, éditeur, critique littéraire et critique littéraire…), né en 1984, a obtenu en 2016 le très prestigieux prix “Wislawa Szymborska”, lors du festival international de poésie de Cracovie, “Festival Milosz”.
Invitée par l’Institut polonais en tant que spécialiste de poésie polonaise pour prospecter et voir quels seraient les poètes à traduire en français, Isabelle Macor découvre cet auteur et nous fait partager le pain poétique produit par le levain de ses mots, dont elle déclare : « J’ai adoré travailler sur cette poésie, la traduire, l’écrire et la réécrire…Réminiscences de la vie juive en Pologne, visions fantasmagoriques inspirées par des tableaux de peintres des avant-gardes européennes de la modernité… comme une nouvelle enfance de l’Europe ».
La fabrique de levure
Dans un vieux bâtiment, niché sous les cheminées, vivait un pivert, sourd comme une souche. Par les carreaux cassés nous lui jetions du pain et des fourmis. Le bois se déglinguait de partout et le crépi du mur rappelait les rouleaux de la Torah. Nous ne savions pas encore que dans les ruines près du fleuve se cachait une petite synagogue. Les feuilles pourrissantes sentaient la levure. Nous observions la pointe de nos chaussures qui prenaient l’eau. Mon père n’a jamais voulu croire que le pivert rit comme un homme. Du reste d’autres oiseaux vivaient là aussi, pas plus gros qu’un pouce. C’était l’automne — la neige n’était tombée qu’en mars.
Jakub Kornhauser, La fabrique de levure
traduction et introduction d’Isabelle Macor
éditions Lanskine — Catherine Tourné Lanskine,
2018 ; Ailleurs est aujourd’hui, 2018, 104
pages, 14 €.
Drożdżownia
W starym budynku, gnieżdżącym się pod kominami, mieszkał zielony dzięcioł, głuchy jak pień. Przez rozbite okna wrzucaliśmy mu chleb i mrówki. Wszędzie walało się drewno, a tynk na ścianach przypominał zwoje Tory. Nie wiedzieliśmy jeszcze, że w ruinach nad rzeką ukrywa się mała bóżnica. Butwiejące liście pachniały drożdżami. Obserwowaliśmy, jak naszym trzewikom namakają nosy. Ojciec nigdy nie chciał uwierzyć, że dzięcioł śmieje się jak człowiek. Zresztą mieszkały tam też inne ptaki, nie większe od kciuka. Była jesień, a śnieg spadł dopiero w marcu.
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Zamłynie
De l’autre côté du remblai de chemin de fer, là où on avait trouvé le corps sans vie du cordonnier, je contemplais les étoiles. Il fallait contourner le moulin, les flaques d’eau et les lapins, plus loin le chemin vicinal menait à une clairière. Dans le livre que je portais avec moi il y avait un personnage de vendeur de couteaux. L’homme avait une allure débraillée et c’est peut-être pourquoi personne ne le laissait entrer à la maison. Les étoiles étaient mouillées comme des flaques et elles ne tombaient pas du tout. Elles s’en allaient au petit matin avec le roulement des trains perdus.
Zamłynie
Po drugiej stronie nasypu kolejowego, tam, gdzie znaleziono martwego szewca, oglądałem gwiazdy. Trzeba było obejść młyn, kałuże i króliki, a dalej polna droga wyprowadzała na łąkę. W książce, którą miałem przy sobie, występował sprzedawca noży. Mężczyzna ubierał się niechlujnie i może dlatego nikt nie wpuszczał go do domu. Gwiazdy były mokre jak kałuże i wcale nie spadały. Odjeżdżały wczesnym rankiem wraz z turkotem zagubionych pociągów.
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Carré rouge sur fond blanc (Malevitch)
Les dernières maisons rampaient vers la sortie, j’observais leur retraite derrière l’église. Au deuxième étage on projetait un film, chaque jour le même bien qu’avec une nouvelle fin chaque fois. Dans la petite charbonnerie des étagères de livres nous guettaient. Un jour j’en ai volé un, il avait une couverture noire et sentait le rêve encore chaud. Derrière la vitre on voit le tabernacle et une femme qui se coupe les ongles des orteils, sur les étagères – des rangées de livres identiques. Ce jour-là, le film s’est terminé bien plus tôt que d’habitude et j’ai dû errer dans les rues désertes. J’ai inspecté chaque faille, cherchant des portes en fuite, des poignées en exil.
Czerwony kwadrat na białym tle (Malewicz)
Ostatnie domy czołgały się do wyjścia, obserwowałem ich kryjówkę za kościołem. Na drugim piętrze wyświetlano film, codziennie ten sam, choć z coraz to nowym zakończeniem. W komórce na węgiel czyhały regały z książkami. Kiedyś ukradłem jedną z nich, miała czarną okładkę i pachniała ciepłym snem. Za oknem – tabernakula i kobieta obcinająca paznokcie u nóg, a na regalach szeregi identycznych ksiąg. Tego dnia film kończył się znacznie wcześniej i musiałem wędrować po opustoszałych ulicach. Zaglądałem w każdą szczelinę, szukając zbiegłych drzwi, klamek na emigracji.
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La maison du mélamed I
Personne ne se souvient des gels qui crépitaient, des arbustes d’aubépine, des fauvettes qui tissaient leur nid sous le plafond. Les caisses en bois se sont vidées, les martres ont sorti les derniers kaftans et les chemises repassées avec soin. Quelqu’un a essayé de monter sur le toit de la boulangerie mais l’échelle s’est cassée et il n’est resté que quelques photographies sales. Sur l’une d’elles un vieux rabbin se voile la face avec le Livre tandis que la fumée s’élève au-dessus des branches chauves. La neige a fondu sous les bottes et le soleil, dans la maison du melamed les bougies brillaient tard dans la nuit. Chaque année les marchands grattaient les rides bleues des murs, des tapis s’écoulaient le pavot et le sable. Les fauvettes revenaient toujours au printemps bien qu’on ne les voie sur aucune des photographies. Ni les biches et les blocs de glace sur le fleuve. Les pompiers qui arrivaient de localités voisines éteignaient le feu. Ils avaient de grandes mains chaudes et des yeux noirs.
Dom mełameda I
Nikt nie pamięta trzaskających mrozów, krzewów głogu, piegż, które założyły gniazdo pod sufitem. Drewniane skrzynie opustoszały, kuny wyniosły ostatnie chałaty i starannie wyprasowane koszule. Ktoś próbował wejść na dach piekarni, ale drabina złamała się i pozostało tylko kilka brudnych fotografii. Na jednej z nich stary rabin zasłania twarz Księgą, a dym wznosi się ponad łysymi konarami. Śnieg topniał pod butami i słońcem, w domu mełameda do późna płonęły świece. Każdego roku handlarze wydrapywali błękitne zmarszczki w ścianach, z dywanów sypały się mak i piasek. Piegże zawsze wracały wiosną, chociaż nie ma ich na żadnej fotogra i. Ani saren i lodowych kier na rzece. Ogień gasili strażacy, którzy przyjechali z okolicznych miejscowości. Mieli duże, ciepłe dłonie i czarne oczy.
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La cabine de bain (Ensor)
“Vivre dans une maisonnette au bord de la mer, une grande cabine de bois sur roulettes. Les crabes, qui entrent par le hublot sans vitre, apportent les restes du vent et de grosses moules. La plage est vide, on n’entend que les grands-gravelots fouiller les algues colorées. Le sable coule parmi les nuages, le bois crépite sous le soleil. Dans la maison se sont cachées des silhouettes maigres masquées, squelettes déguisés, et une vieille flûte. Quand on pose l’oreille contre le mur, les vagues deviennent bleues et les nuées se cachent entre les chalutiers. Vivre dans une maisonnette au bord de la mer, s’enterrer dans le sable.”
James Ensor, “La cabine de bain”, 1876
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