Quand nous sommes assis en un cer­cle étroit
dans ce loge­ment comme suspendu
au-dessus d’une Varso­vie envelop­pée de chaleur et de peur,
par­mi des fleurs sans  cesse renou­velées et des gens,
au milieu de la musique et de nom­breux livres qui
ne don­nent pas de réponse
à ce qui vient de se passer
quand – vivants – nous nous regardons
de crainte que demain ou après-demain
nous en puis­sions écouter ensem­ble l’Epi­taphe
pour Wysoc­ki ni pour une énième fois
relire ce poème de Wojaczek tran­scrit sur le mur :
« A notre bêtise et à notre misère
« A l’endurance dans notre folie… »
Dans cette cham­bre exiguë d’où la mort ne s’éloigne pas
Comme si elle nous voulait tous
Comme si nos con­ver­sa­tions chuchotées
Rejoignaient les bruits dans la rue, d’une ago­nie collective,
Comme si l’on avait en même temps à nous tous
Rompu les foies, retiré l’air,
Comme si l’on avait trans­for­mé notre langage
En un jar­gon offi­ciel comme si
L’on nous avait endormis
En nous inter­dis­ant de nous souvenir

Et quand une nou­velle aube tel un tueur à gages
S’insinue à la porte
Nous mour­rons ensem­ble une fois encore

Poème traduit du polon­ais par Luci­enne Rey.

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