Nous glisserons ensemble
vers les sommets rongés
de nos doutes séculaires
Seul, je tisserai contre la ville
les liens serrés,
de l’instinct noir du vide.
Le silence offre la cécité bienveillante
du sommeil promis,
aux égarés des songes premiers.
Les cendres grises couvrent la plainte consumée
des amants trahis vers la lumière du jour.
Nous laisserons ensemble,
une empreinte figée dans le fer et le sang séché.
Les heures blanches
Un calme de lune
Un rire de terre grasse
Abandonné aux seuls amoureux des heures blanches
Où la lumière mouille de son halo vivant,
Le dernier chemin ouvert sur demain.
La pluie détruit à grands traits de malice,
La porte sucrée,
Passage unique, des histoires rendues folles de ton absence.
Le vol inquiet de tes bras
L’air battu d’une plainte sonore,
Rappel sur la glaise,
Ton corps secoué du doute.
Tu es partie !
Une île dans le ciel
Les larmes effilées au tranchant de feu
Sèment à la volée le grain chargé d’ivraie.
Le visage éteint, ton silence
Réveille les douleurs en souffrance.
Accroché aux reliefs écroulés
De notre mémoire infidèle,
Un sourire une caresse
Délivre la lumière aux tisons noirs.
Par des allées vert-citronnelle,
Les lambeaux rouges du soleil
Peignent des îles dans le ciel
Et des ombrelles si fragiles.
Plaines fertiles en bonheur, lendemains creusés de victoires volées,
Que dansent des reflets dorés, sur les récoltes à mon cœur incendié !
Ton empreinte
Les larmes de pierre dévorées à nos lèvres serrées
Perdent leur gangue en perle de calcaire
Attise le feu des croyances ocre rouge.
À tout perdre elles tombent.
Offertes aux lois de l’ombre.
La sagesse résiste, attaquée, prise au piège.
Un seul nom sur la liste, feu de joie perpétuel,
Le jardin aux supplices, vague sourde, destructrice.
Blonde et triste, la lumière craque.
Source profonde de silences profanes.
L’aveu creuse le chemin colore les murs,
De fresques éphémères, que le soleil disperse.
La première peur, le dernier geste.
L’amour ne rend pas les corps.
Crépuscule
Le soleil boit l’océan par dégoût
Et le crâne vidé, l’artiste se soûle de néant.
Au chevet du jour ridé,
L’espérance accompagne le moribond,
Guide ses pas évanouis d’attente vaine.
Il ne reviendra pas ?
Les derniers traits incarnats,
Doigts de lumière liquide,
Trépassent en jets parfumés.
Le sépulcre est avide en conversation stérile,
Quant à la gloire intrépide d’une pensée humide.
Rêve donc de bonheur !
En partie dévêtue,
Le visage peint, le sein, pierre ruisselante de larmes.
La nuit coule sur tes yeux.
Étreinte
Je dessine sur ton corps une fenêtre secrète.
D’un bleu de ciel lavé fait ton cœur apparaître.
L’histoire de ta peau, frêle enveloppe d’écume,
À mon doigt perdu, signe la route du bonheur.
Le sang frappe son langage de feu,
Vibre le désir, Calme l’étreinte.
Et meurt, prisonnier des jours de plomb.
La fortune salée tire ses rideaux de pluie.
Ton rire de cathédrale éclate d’une ondée fertile
Et libère des créatures fantastiques.
Au chevet de notre joie, le pâle ennui, en rêve chante.
Par une porte dérobée les sentiments usés,
Suivent la course de l’été au son triste de juillet.
La brise marine, nous appelle vers le large.
Une poudre d’étoile guide l’amour encore sage.
Sur mes cheveux lisses courent tes ongles de granit.
Dans le murmure des hommes
Le désert mime des contes ordinaires.
Dégrafés dans le sens du vent,
Ses bribes se lient d’amitié.
Le vent marin disperse tes mots, notes de musique.
En cet exil minimal, les sons animés, alignés,
Complices d’une partition, concert d’oiseaux en cage,
Voyage sur ton corps baigné de sable brun.
Les songes déchirés,
À notre ombre nue ondulée,
Souffle des dizaines de secrets,
Absorbés, digérés, parties de l’humus végétal.
Prends mes mains sèches, souffle la vie légère,
Tourne les âmes sans raisons.
La lune crisse bien des soirs.
Connais-tu d’autres histoires ?
La demeure des âges risque ses traits tirés,
De sagesse en partage.
Je sens couler l’eau chaude d’une cascade de vie,
Les larmes impriment le plaisir de ton prénom.
Mes pensées sont plus fortes que les mots.
Fleur de brume
Je roule entre mes doigts
Les images tièdes
Du jour qui s’éloigne
À l’écume d’une vague.
Zéphyr révolté
Réclame son tribut
Aux roches nues,
Victimes des flots,
Combattants sacrifiés.
Les mains glacées
De l’aurore liquide
Donne un vol limpide
Aux ailes silencieuses
Des frégates.
La semence dispersée
De quelques monstres marins
Chevauche les rouleaux d’argent,
Déferlante concubine,
À la côte déchiquetée.
J’enserre mes bras figés de brume
Aux barques imprudentes
Repues des festins tragiques
Du grand large.
La pluie sèche
D’une foule joyeuse
Lèche le sable vierge
En grappe de bonheur.
Le corps pénétré d’exil
Je glisse, reflux de l’aube lourde,
Vers des promesses d’orient.
Le cœur « Vent Battu »
Le silence amer de ta vertu vide le lit des fleuves aux berges déifiées.
Attablée parmi les étoiles, ta jeunesse part en jet de pierres.
J’invente pour toi
Le masque lourd de la tendresse
Que l’on étire sur les joues.
Je place les mains autour de tes peurs
En pleur la rudesse des contours.
Les lacs brûlent, coulent vers la mer.
Porte le deuil cruel des assauts du vent.
Trouble la vue des sables du désert.
Tu parles la langue circonflexe,
Généreuse, à l’accent brisé, criblé d’injustice.
Si la mort à profusion frappe ainsi les lions,
Le soleil mûrit sous le ciel d’or, dans ton sommeil un avenir.
Au détour d’un rire, j’ai croisé ton regard.
Le sommeil du funambule
Endormis trop tard ils sont partis !
Le silence reste
Moi qui aime la tourmente
Un rien me laisse seul
Guide mon regard
Vers ce point d’espoir.
La trahison du nombre
Sèche les doutes
De nos instants écrit
Sur l’écorce du pardon
Je cherche ma route
Si ton sommeil existe
Pluie de feu interdite
Place forte libérée
Découvre ton sein
Calme ma nuit
Je me souviens des visages amis.
Ils peuplent ma mémoire
Le crâne déchiré d’oubli
Reste sur le seuil
Je prends ton sourire.
Mangeur d’ombre
Dans ce pays d’ébène
Les pierres cognent
À la porte des rêves
Les veines tarissent
Du sang des collines épanchées.
Les Grands Vents
Traversés d’épieux
Durcis au feu de forge
Transpirent le labeur
Du mangeur d’ombre.
L’obscurité abrupte
Vibre encore de ta lumière
Aujourd’hui inhabitée, désertée
Des morsures tribales
Qui jadis nous tourmentaient.
Par le ventre fécond
D’une mère affaiblie
Ta violence glisse
Des sommets effondrés.
Que l’enfant seul
Contre mes yeux éloignés
Cherche cette parcelle d’âme
Où se brise les mœurs anciennes.
Signe de vie
Dans ce pays sans mémoire
La pluie prie quelques secondes
Les fruits, les fleurs, les enfants,
Mangent la lumière aux pleurs des ruelles.
Consumés, dans une tisane d’embruns sucrée de courage
Les lambeaux de pierre coulent au saillant des ombres qui chantent.
Du lait de tes doigts la terre jaune s’épanche en fièvre de tourments.
Les pieds blessés emportés à midi par le chemin défoncé des pêcheurs
Tu plies sous le boutoir des rêves démantelés.
La bouche retournée du goût âcre d’un fruit vert
Une plage se dérobe à tes pensées.
Sous la mitraille et dans les airs, tu suis Icare en son dédale.
La roue inutile des servitudes pourrit les temps de plomb par ton exil libéré.
Tu salives l’inquiétude maternelle, les rires déglutis au soleil de l’enfance.
Les souvenirs sont des plaies béantes léchées d’innocence.