Nymphose
Avouer les vagues
Comme la flaque chuchote
Le bruit de la pluie
Les alcalis sombres
Épousent les feuilles mortes
L’humus est une mémoire
Et qu’il est bon de vibrer
Là où la feuille bruit
Pareil au chant de l’oiseau
Dans la brasse du vent
Sifflant soufflant la plume
L’épistolière de l’âme
Je suis une bactérie dans l’œil de l’épicycle
L’origine de la vie, la source et puis le cycle
Et je retourne à la terre, ultime métamorphose
Je fais le chemin du voyage, des réminiscences, du souvenir
Je me souviens chrysalide traversant la nymphose
Dans les veines de l’arbre j’entends le cœur de la forêt
Je me revois papillon aux ailes chiffonnées
Je sais l’air et la terre j’en connais les secrets
Je me rappelle imago, baignant dans l’atmosphère et l’ivresse de l’argon
De cendres et de poussières
Enfin je suis la terre
Fossile dessin de pierre gravé
Roche de calcaire
Je me souviens chrysalide traversant la nymphose
Lovée dans la sève de l’arbre j’entends le cœur de la forêt
Je me revois papillon, dernière métamorphose
Mes ailes chiffonnées, je vais me déployer
Je me rappelle imago, battant dans l’atmosphère et l’ivresse de l’argon
Cendre, cristaux de glace, oxygène, fines poussières
Ma Terre mon élément ma place, l’Air mon atmosphère !
Je me souviens chrysalide, je suis le cœur de la forêt
Je me revois papillon, mes ailes déployées
Je suis la Terre et son secret
Je me rappelle imago, baignant dans l’atmosphère et l’ivresse de l’argon
Je me souviens chrysalide
Exuvie et nymphose
Je me revois papillon
Je me métamorphose
Je me rappelle imago
Ivresse de l’argon
Mémoire de cendre
Empire de poussière
Rêve sans matière
Je retourne à la terre
Cent slams en tête
J’ai des slams plein la tête à pourfendre du poète
Ça joue du tambour et de la trompette, je feins la fuite, mais en fait
Je peux pousser la chansonnette et t’en chanter à tue-tête
Car j’ai cent slams plein la tête à pourfendre du poète
J’ai des oiseaux sous ma casquette enfermés dans une cache secrète
Que tu ne vois mais dans ma tête ça tourne ça chante et puis ça pète !
Des larmes aussi dans les mirettes, parfois je mets trois graines dans une assiette
Je protège mes rêves dans des cachettes juste à côté d’une brunette
Celle-ci d’ailleurs, mais quelle nymphette ! Elle en connaît des pirouettes !
Fesses de déesse et yeux noisette, belle petite fleur, ma pâquerette
Cela n’est pas des sornettes, range-la ta mine tristounette
Faut-il encore que je répète que j’ai cent slams plein la tête ?
Au cou j’accroche des amulettes, la nuit je prie mes statuettes
C’est de la magie noire aux aiguillettes à faire pleurer les malhonnêtes
Mais je suis malade et j’interprète le petit mot le moindre geste
À faire partir les amourettes, ça tourne tellement dans ma grosse tête
Que je me demande qui est le poète que je veux pourfendre… C’est moi en fait !
Vas‑y, fais sonner la trompette, je me suis trouvé c’est moi l’arpette
Sans balais sans pelle mais une baguette, ce sont mes rêves que j’époussette
Sans artifice et sans fumette pour une vision beaucoup plus nette
Et vous, vous parlez tant mais qui vous êtes ? Vous prenez-vous pour des prophètes ?
À me lorgner dans la lunette vous ne décochez que des fléchettes
Donc j’ai une pomme sur la tête, vas‑y prends-la ton arbalète
Fais attention dans la tempête, ne te loupe pas que ça en jette
Que tu sois le roi de la planète, que tu me voles la vedette
Moi je m’en fous, j’ai cent slams dans la tête à pourfendre du poète
Mais détends-toi et fais risette, je ne suis pas le roi de la gâchette
Il y a mille bonheurs et cent mille recettes dans ce petit monde où on furète
Puis je t’ai oublié depuis belle lurette, j’ai mon bonheur dans ma pochette
Je ne crie pas l’amour à la sauvette mais si tu n’as pas compris je le décrète
Une dernière fois : je suis en quête avec cent slams plein la tête
Jette-moi la haine aux oubliettes, chantons l’amour pas les paillettes
Laisse-moi tomber ta clarinette tes idées fixes tes étiquettes
Ce ne sont que des réglettes destinées à te mettre perpette
J’avance ici à l’aveuglette, une vision folle dans la serviette
Avec cent slams dans la tête, amour, c’est tout ce que je souhaite !
On est plus fort que ça
Quand ça commence à vriller
C’est là que tu peux faire des gros trous
Ce sont des murs que nous avons à percer
Il y a tellement de haine autour de nous
Alors il faut s’engouffrer
Alors il faut s’enfoncer profondément dans les abysses
Parfois il en sort de l’art, parfois il en sort du vice
C’est dément
Avec nos vies d’artifices
Sorties de nos fissures qui grandissent
On ne sait jamais de quelle blessure on gravera nos cicatrices
On ne sait jamais quels mots vont changer la donne
Il y en a tellement de laids qu’on se prend en pleine gueule, tu m’étonnes
Que ça tombe que ça crève que ça se défonce que ça se cachetonne
Cette vie est une meule ! Et on se fait aiguiser ! Toujours être plus tranchant !
On se fait presser comme un citron et on prend tout dans les dents
Ça n’arrête pas ça n’a pas de fin, tu respires à peine la bouche hors de l’eau
Eh oui ! c’est ça mon ami ou tu acceptes et tu te traînes, ou tu te noies et tu restes sur le carreau
Mais putain où on vit ?
Tellement on crève pour rien !
Tellement on crève pour rien !
Tellement on rêve pour rien !
Pour trois heures de calme
Pour trois grammes de came
Avec de l’alcool et un peu de fumée
On rêve d’une vie qui reste à inventer
Mais on étouffe dans le commerce de ce monde en marche, le tonnerre gronde
De tout ce barouf ils nous bouleversent les ondes
Et puis ils cravachent nos frères, ils sont immondes !
À bouffer sur nos rêves, à nous faire rêver la trêve
L’amour dans le costume, non, surtout le chèque dans l’urne
Moi je n’irai plus jamais voter
Au lieu de ça le dimanche j’écrirai que je les déteste tous
Je leur ferai voir la détresse dans laquelle ils nous poussent
Les soirées de semaines à huit heures et demie je suis ivre
Eh ouais ! il faut que j’oublie que j’ai une sacrée chienne de vie à survivre
Tous ces moments ça ne tient plus la route
On pourfend les poètes on s’abreuve du doute
Tous en quête d’un meilleur plumard
Tous, on se guette le refuge et on se partage l’art
On se donne de l’amour ? On deale nos toujours !
Toujours plus de rêve
Toujours plus de haine
Toujours plus de peine
Mais toujours plus d’amour !
La drogue ou les lettres
Moi j’ai choisi la poésie
Mais putain où on va ?!
Alors, je n’ai pas l’habitude de dire ce qu’il faut faire ou ce qu’il faut dire
Mais cette fois, mes amis, si on veut s’en sortir
Il faudra qu’on rentre dans la vie et qu’on vive de tout ça
Il faudra s’enfuir dans cette vie encore plus que ça
Et si ça ne suffit pas, il faudra qu’on lui coupe les bras
À cette mort qu’on nous vend et qui nous court après
Qui veut absolument nous rattraper !
Non !
On est plus fort que ça !
La mode des rencontres
Les rencontres brodées du hasard, au gré des canevas d’errance
Ça nous aiguille tôt ou tard dans le chas d’un bonheur immense
Cela agite le foulard en soie, parfois sur le quai d’une gare
On se départ de l’accessoire, en réseau ou pourquoi pas dans un bar
Où s’assaille le comptoir des dentelles, de la geste des couturiers
Ça raille en rêvant d’arcs-en-ciel, c’est la valse des cœurs brisés
L’union de fragrances de sourires, gravitent autour des turpitudes
La lance de l’ivresse et des rires empale les pourpres solitudes
Voilure du prêt à consommer ou confectionné sur la durée
Piqûre au fil suave et doré, le verbe qui suture en surjet
Haute couture de l’élégance et parfois du prêt-à-porter
Les rencontres sont une chance mais quelquefois faut s’en défiler
Parce que quelquefois le bonheur immense, eh bien ça peut vite se déchirer
Il faut prendre garde à la chance qui pourrait bien vite embrocher
Le cœur et laisser la raison émiettée, patron décousu
Et pourrait aussi faire chanter à la gloire du « non, non jamais plus ! »
Cette fois c’est qu’on n’aurait pas eu de pot ou qu’on n’a pas bien essayé
On se retrouve dans un paréo qui nous va beaucoup trop serré
On essaye de coudre un bouton puis une fermeture éclair
Mais d’histoire n’avait que le nom et la doublure d’un éclair
Le bouton pète, la fermeture se grippe, on revoit notre savoir-faire
Découd la couture on traîne aux fripes la mélancolie à l’envers
On finit par vendre le fil d’or, aussi notre machine à coudre
Jurons sur la vie et la mort, on envoie l’amour se faire dissoudre
On peut alors se faufiler, après de longues heures en guenilles
Dans la collection lingerie, ici c’est l’histoire qui se déshabille
Celle-là où règne le passepoil, où la reliure peut s’enfuir
Ça rafistole sans grand style mais au moins ça ne brûle pas le cuir
Plus rarement il y a la grande maison, du sur-mesure pour âmes sœurs
Ceux-là s’habillent de grandes créations et deviennent leurs propres tailleurs
Tunique en soie estampillée de la griffe mannequin de la durée
C’est la mercerie des aimés, ils en font un métier à tisser
Ils peuvent être un peu énervants pour qui est seul dans sa jupe
C’est vrai que la peau sans collants, en hiver c’est un peu abrupt
Mais au fond on les aime, même si on leur taille un costume
Car si des rencontres, on a le rhume, on peut en faire couler la plume