Un cimetière
comme lieu de rencontre
pour satyres et naufragées.
Nous pour­rions y voir ani­maux d’autres
temps
comme oursins, abeilles et lucioles.

Du lac s’élèvent
les cloches qui appel­lent à la guerre
les chiens le savent
et hurlent de terreur
mais vach­es et lézards nocturnes
ne sour­cil­lent même pas,
il leur suf­fit d’une lumière
pour pou­voir se regarder,
ils savent attendre,
le silence n’est qu’une obscu­rité acoustique,
l’attente une obscu­rité du temps;

           comme les pois­sons insomniaques,
me trahissent les cer­cles concentriques
que peut-être tu seule peux voir
du haut loin­tain où tu te trouves,
allongée sur la ligne direc­trice d’un été
qui se per­pétue ultime.

 

 

∗∗∗∗∗∗

 

Mourir et puis renaître
et puis mourir encore
et ne renaître plus.
Aller d’îlot en îlot
sans se souci­er du vent et de l’essence
sans se gâch­er le corps
s’endormir dans les rochers;
si j’étais femme ou herbe au moins
mais au fond
être homme n’est qu’une intermittence,
je vais me couch­er avec les héros
et le temps ne me servira.

 

 

∗∗∗∗∗∗

 

Aujourd’hui aus­si ne fini­ra jamais,
il devra bien con­tin­uer quelque part,
le tra­vail des instants ne peut pas
le détromper.
La ter­reur des rues boisées
car­refour et phéno­type de l’attente,
per­dure pen­dant la nuit,
inaperçue.

 

 

∗∗∗∗∗∗

 

J’ai rêvé une fois
que la forêt de Nara brûlait;
il fau­dra que j’en écrive un jour.
Le silence du feu
la nuit
ne creu­sait dans le ciel
plus d’espace qu’il ne lui fallût.
Les tem­ples étaient vides.

                      Les daims fuyaient les flammes,
sans trop de con­vic­tion et l’herbe
n’était pas touchée.
C’était un feu qui bouillait;
l’oxygène brûlait
gaiement, sans réserves
et l’obscurité
cher­chant à étouf­fer l’incendie
ne lais­sait à l’enthousiasme de la lumière
que des fuites horizontales.
Le pacte conclu,
l’homme était absent.

                     Sans prop­a­ga­tion, créé et inextinguible,
l’élément du feu
occu­pait la place
entre le toit étanche de la nuit
et la terre noire.
Seuls les arbres,
ayant aban­don­né leur tra­di­tion­nelle pudeur,
sem­blaient avoir com­pris la situation.
Changés en lanternes
ils assumaient l’office des verbes.
A l’horreur des bêtes ils opposaient
le sens ultime de leur résignation.

 

 

∗∗∗∗∗∗

 

La stratégie attentiste
a mas­sacré nos rêves.
Mais l’accélération
suit des rythmes non humains.
Ne dépaysons les oiseaux plus que ça
déjà ils ne savent pas
où dépenser l’été qui nous reste.
Les pirates dégainent leur sabre du regard,
par leurs yeux nous sommes poussés
à par­courir la passerelle
et dans le bleu
les essaims des squales n’attendent que nous.

 

 

 

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