Depuis ses commencements, la conception de la poésie chez O. Elytis est liée à la liberté. Une liberté véritable, qui consent si elle juge bon de consentir, et ne consent pas, si ce consentement est compromission de la pureté poétique. C’est dans cette dernière alternative qu’entre en jeu la résistance, et chez Elytis elle commence avec les poètes du Surréalisme français, avec les événements historiques et politiques, avec la profondeur du passé, et face aux difficultés du quotidien : c’est une résistance qui a des aspects stoïciens, mais qui émane aussi, comme dit le poète, de «l’esprit d’opposition» : dont le poète lui-même précise qu’il est moins le trait d’une individualité que celui – «affleurant d’on ne sait quelle profondeur» — de la communauté hellénique à laquelle le poète appartient.
Cette résistance de la communauté hellénique, les habitants de Corfou l’ont exprimée en mainte occasion, malgré les envahissements successifs, les bombardements de la Première et Seconde Guerres Mondiales, et tant d’autres qui ont jalonné son histoire. On pense à Costas Georgakis, qui émut l’Europe, deux ans après les événements de Mai 68 en France. Auparavant, dans un autre registre, en 1937, Élytis entre à l’École des Officiers de Réserve de Corfou, et en sort en septembre comme officier du 1er Régiment d’Infanterie. Trois ans plus tard, le général Métaxas dira «Non !» à Mussolini… D’une façon ou d’une autre, en assimilant ou en rejetant, sans quitter leur langue, les Grecs ont toujours résisté, aux étrangers aussi bien qu’à eux-mêmes ! Il se pourrait que ce soit en songeant entre autres au symbole que fut son séjour à Corfou, qu’Élytis considérait que «l’esprit d’opposition » que j’évoquais, est un trait typique de la mentalité héllénique.
«La Loi que je suis, ne me soumettra pas». Cette sentence du poète, dans son paradoxe, résume bien l’idée qu’il se faisait de la «résistance». En écho, dans Maria Nefeli, lui fait face une autre sentence : «Tant d’heureuse gaucherie, démasque-la, c’est : Dieu !» Pour quelle raison ? Si l’on y réfléchit, lorsque la Loi que nous sommes nous soumet, on peut considérer qu’en nous plus rien ne résiste. Ce qui se traduit par une forme d’adaptation soumise au monde où nous vivons. Il n’y a donc plus d’inhabileté possible. Mais c’est au prix d’avoir renoncé à notre part créative, à notre part d’enfance, à cette part d’ «heureuse» maladresse, cette divine gaucherie que la société attribue à la vision dérangeante de l’individu créateur, qui ne se range pas aux catégories pré-entérinées de la vision générale, de la vision «adaptée» et «habile».
Or cette forme de gaucherie, génératrice «d’erreurs» par résistance à la conception générale de la société, est la seule qui ouvre la porte à une possibilité de création, d’apparition nouvelle : celle d’un univers en état d’ «Annonciation», c’est-à-dire débusqué de sa banalité, débarrassé du masque d’habitude qui l’affublait d’un sens tellement convenu, et depuis si longtemps, qu’il ne suscitait plus guère notre attention. À l’image de ces femmes auxquelles, le matin au petit déjeuner, les maris habitués préfèrent leur journal ou la télé, parce que la belle présence de leur compagne, à force de quotidienneté, ne les émeut plus. Quel qu’en soit le domaine, la créativité de quelqu’un se mesure, en quelque sorte, au nombre et à la qualité de ses «erreurs».
Chez les artistes, comme chez les poètes, la société prend ces erreurs apparentes en mauvaise part. Face à des créations puissamment neuves, le public réagit souvent mal et a l’impression que l’oeuvre publiée ou exposée a un caractère agressif, qu’elle insulte à la vision commune et donc au «sens commun», autrement dit, à ce que l’on considère normalement comme le «bon sens». La cité se sent outragée par le miroir qu’une création neuve lui renvoie. Une création qui résiste par divers aspects à la convenance, à ce qui est convenu et convenable, et dont l’ordonnancement dissimulait tout ce que le fait qu’une société obligatoirement évolue et change pouvait, lorsqu’on n’en détourne pas inconsciemment le regard, comporter de déplaisant, de désagréable : et seulement, parfois, à cause de l’émergence de la nouveauté, qui bouleverse un état que la société eût voulu conserver inchangé.
En effet, il est humain que les gens ne regardent pas d’un bon œil ce qui tendrait à modifier les règles, le fonctionnement de la Cité, quand ils pensaient être enfin parvenus en tant que citoyens à s’y adapter, à y avoir trouvé le compromis d’un «bonheur suffisant». Évidemment, un jour ou l’autre cette résistance passive rencontre la résistance active des citoyens lucides et créatifs, qui aperçoivent les premiers que l’état des choses ne peut plus perdurer sans nuire fortement à la collectivité. Et qu’il faut donc oeuvrer aux mutations indispensables, en procédant à des ajustements qui ne sont pas des insultes à l’ordre ancien, ni outrages aux aïeux, mais l’espérance d’une marche vers un réajustement du fonctionnement de la Cité que le malaise latent de la société, de moins en moins dissimulable, rendait absolument nécessaire. Une marche à l’étoile pour ainsi dire, analogue à celle des mages qui, ayant détecté des signes avant tout le monde, se sont mis en route les premiers vers la grotte où était né celui qui incarnerait un changement de leur monde.
Cela même qui apparut à la société, dans la littérature ou les arts, comme un «outrage», comme insultant, s’avère également ce qui recelait une «étoile». Cette phrase peut sembler obscure, je l’illustrerai donc par des exemples : celui de Picasso d’abord, qui eut avec Elytis grâce à Tériade, la relation que l’on connaît. À cette époque, celle de la revue Minotaure des Surréalistes, après le cubisme et le dadaïsme qui avaient déjà suscité un créateur scandaleux comme Marcel Duchamp, il était courant d’entendre dans toutes les couches de la société des jugements péremptoires sur le peintre de Guernica : «Il se moque du monde. Il fait n’importe quoi, pour de l’argent, et ça marche. C’est laid. Et puis un enfant en ferait autant…»
Or, il est tout à fait évident aujourd’hui que les créations de Picasso ne sont pas n’importe quoi, qu’elles sont pleines de vie et de liberté, qu’elles ne sont pas laides, et qu’en revanche, le peintre à résisté à toute réprobation en poursuivant sa trajectoire personnelle et en faisant éclater tous les académismes. Il a changé ce qui semblait un outrage aux jugement esthétiques de la société de son temps, en une marche à l’étoile, et cette étoile, comme celle de Duchamp d’ailleurs, brille pour nous aujourd’hui d’un éclat incontesté. Ce que les gens prenaient pour négligence, maladresse, fumisterie, nonchalance, mépris, voire escroquerie, s’est révélé comme eut dit Elytis «revirginisation» de l’art pictural, accès par un peintre adulte et conscient à la joie formidable de la création lorsqu’elle se manifeste avec la profusion de l’enfance, avec la fameuse «divine gaucherie» que nous évoquions plus haut.
Le second exemple que je choisirai, c’est celui d’un autre peintre pour lequel Élytis a milité, je veux dire Théophilos. Chacun sait que de son temps, sa peinture prétendument «naïve et maladroite» était considérée par les gens d’un œil un peu apitoyé, comme la marotte d’un original du même genre qu’en Suisse les tableaux de ce personnage qu’on a appelé le Déserteur. À travers son opuscule sur Théophilos, grâce à Tériade aussi, Élytis a montré que Théophilos, figure singulière d’un art grec populaire, n’était pas du tout un benêt maladroit. Qu’il y avait une pensée et une «heureuse gaucherie» créatrices dans ses œuvres. Chose qui désormais n’est plus guère contestée, puisqu’il a un musée à son nom, et qu’on retrouve aujourd’hui des reproductions de ses peintures dans les chambres d’hôtels quatre étoiles pour touristes fortunés.
Simplement, ce qui était l’apparente gaucherie de Théophilos, ce qui faisait que les «gens bien» de la société grecque de son temps regardaient (quand il arrivait qu’ils les regardent) ses peintures comme d’affligeantes et anachroniques descriptions du monde hellénique juste bonnes à décorer les tavernes populaires, ce qui faisait que ces gens de la bonne société en souriaient, n’y voyant qu’une représentation peu flatteuse et de l’histoire hellénique et de la société de l’époque contemporaine, ces «défauts» qui empêchaient alors qu’on prenne Théophilos au sérieux, sont les mêmes qui sont apparus depuis comme de brillantes qualités : nous y découvrons toute une vitalité de l’esprit hellénique, la vigueur d’une représentation qui donne accès à l’âme d’un peuple, et qui nous la raconte quasi directement.
Cette âme a résisté précisément à travers diverses œuvres de cette sorte, qui ont jalonné l’histoire de la culture grecque. Tout en connaissant naturellement diverses métamophoses. Élytis disait être d’une faible capacité au patriotisme, et avoir «profondément aimé la Grèce». C’est sans doute cette résistance à deux faces, celle à la propagande nationaliste, et celle du refus de l’effacement de son pays dans une Communauté Européenne floue et englobante, qui lui a permis ce regard sur son pays, un regard qui détectait ce qui constituait l’expression d’une humanité particulière, depuis Homère et l’art archaïque, Cnossos, Mycènes, en passant par Byzance, etc… jusqu’à son temps. Tous les artistes, les poètes en premier lieu, se recréent ainsi une filiation culturelle originale qui écrète, sélectionne, dans la culture de leur pays, de loin en loin, à travers le temps, des sommets remarquables mais peu fréquentés. Et ce qui semblait jusque-là œuvres gauches et plus ou moins tombées dans l’oubli, apparaît avec le lustre de «l’Annonciation», révélant par cet éclat retrouvé combien parfois un pays est capable de s’oublier lui-même dans certaines de ses qualités les plus essentielles !
Dans la droite ligne de cette insoumission (qui est un trait passablement accusé du peuple grec selon le poète), nous trouvons d’autres sentences qui sont des recommandations liées à la «résistance individuelle», par exemple dans Maria Nefeli, «Gère ta vie privée en toute Effronterie».
Bien sûr, il s’agit en premier lieu de la vie sentimentale que les sociétés généralement se sont efforcées de plier à des institutions, et des activités perturbatrices liées aux désirs inspirés par le jeune Éros. Cependant, comme d’une certaine façon tout s’y trouve relié dans la psychologie humaine, cette culture d’une vie privée jalouse de sa liberté, qui affronte et combat effrontément les tentatives de la vie publique cherchant à empiéter sur son domaine, nourrit l’élan vital de la poésie considérée comme à placer hors de la cité, comme cela a été dit et répété, par Platon. D’où cette page dans le Photodendron, titrée « De la République», où apparaît la figure du figuier, symbole de volonté de survie, de la terre natale, de la richesse naturelle : il prend racine dans la moindre fente de rocher pour y trouver l’eau indispensable pour tenir. Par analogie le figuier incarne le courage, la force érotique, l’intelligence, la volonté sans lesquelles une expérience sur la terre est vouée à l’échec.
Tout le poème est donc un éloge de la résistance, à l’altération de l’âme (par la construction du temple), à l’oppression dictatoriale («ce qu’on appelle pensée dans le salaire du raisin noir frappait à tout casser»), au contrôle des rêves édéniques par une pression excessive de la collectivité. C’est dans ce contexte que le poème s’achève sur une image qui associe au « corps du figuier » un moment de jouissance érotique, un moment d’écriture, puis l’apparition symbolique des «îles» tachant les feuilles de l’arbre, et enfin la figure de l’ambition de la pensée hellénique matérialisée par le mouvement d’élévation «plus haut dans les éthers» selon «toutes les façons qu’ont les oiseaux de voler degré par degré jusqu’à l’infini». Ce tissu inextricable qu’anime l’élan érotique de la Physis, où ce qui est psychique et ce qui est physique sont indistincts, est le nœud d’une pensée grecque datant des Présocratiques, notamment d’Anaximandre : chez Élytis, la pensée poétique est toujours liée à l’ἀρχή – le surgissement originel permanent, et à l’ἀπειρον – ce qu’on traduirait sommairement en français par “l’infini”. Ainsi le “temple” du poème “De la République” est-il fait que “quatre pierres” (quatre=vérité, pierre=origine, “sur cette pierre je bâtirai mon église” dit le nouveau testament), et “d’un peu d’eau de mer” (la mer figurant de façon concrète, visuelle, ce qui n’a pas de limite, l’infini.)
Pour Élytis, résister, c’était avant tout résister à toute dissociation en éléments, philosophiquement séparés, de la personne humaine, et de ses relations avec l’univers. D’où l’omniprésence de l’Éros dans toute sa poésie ; mais pas du tout à la manière de l’envahissement pornographique dans la société occidentale contemporaine, lequel est un envahissement par la vulgarité qui n’est aucunement marqué par l’esprit de résistance mais plutôt par la conformation à la société de consommation. Car à l’opposé, dans la mesure où «un corps nu est le seul prolongement de la ligne invisible qui nous relie au mystère» (Maria Nefeli : Ich sehe dich), l’Éros typiquement hellénique propre à l’écriture d’Élytis et qui relie mystérieusement l’être humain en tant qu’individu (Rappelons :«Qui porte et supporte la solitude a encore en lui de l’humain».) au Tout, est fondé «depuis l’aube de l’Histoire jusqu’à ce jour,» sur «un corps lisse jeune nu : la justice.»
Cette figure féminine éternelle de la justice, «soleil mental», se traduit par la résistance, l’irréductibilité du corps : «Il n’est pas encore né, le Magellan d’une rose», déclare joliment notre poète. Il faudrait à ce propos relire tout le poème «Étude de nu» pour apercevoir cette indissociabilité entre le corps, le monde, la justice, la nature (rose), caractéristique, où «l’éveil de l’esprit cristallise en un corps réel de jeune fille», présenté dans un poème construit à la façon d’un paysage surréaliste. Résister à pour but chez Elytis de «déchiffrer les lois de (sa) cité imaginaire, et de découvrir qu’elle est le siège de l’innocence» (Chap. Avant tout, d’Anichta Chartia.) Dans «La chanson du poète», à la fin de la seconde section de Maria Nefeli, il précise lui-même qu’au long de sa vie, il a poursuivi l’insaisissable, et qu’il était «d’une espèce intraitable».
J’espère que jusqu’ici ce que j’ai tenté de décrire comme site originel, — indistinctement pays, concept philosophique, corps féminin, éros, justice, etc… — aura permis d’apercevoir la relation «en étoile» (dont le négatif, en une «époque contraire» à la poésie, serait outrage, honte et anathème) qu’entretient l’élan de résistance du poète par rapport à son monde. À présent, en m’appuyant sur ce fondement, la résistance poétique individuelle, avec pour lien de jugement éthique de discrimination entre ce qui doit être conservé et ce qui doit évoluer — la «Justice» -, je voudrais évoquer un moment la façon dont le poète nous présente la résistance de l’homme libre, le jeune grec «Leftéris» d’Axion esti, par exemple, dans la situation, fort analogue à celle des artistes en général et des poètes en particulier, de devoir faire face à une collectivité plus puissante que lui et directement oppressive.
Pour cela je me référerai donc à To Axion Esti. Plus précisément à la quatrième «lecture» titrée «Le terrain aux orties». Ici, l’exemplarité du jeune Leftéris consiste à montrer comment, en jetant sans faiblir sa vie dans la balance, on peut imposer une résistance capable de transformer la faiblesse en force. Par opposition à la lâcheté de Judas et à son triple reniement au chant du coq, Leftéris ne se renie pas lorsqu’il affronte l’Être au Visage d’Ombre. Le garçon sait qu’il incarne l’âme de son pays : «Il leva seulement les yeux, lentement, et les fixa d’un coup si loin – si loin dans son avenir – que l’autre en ressentit un choc…» Lorsque le poète montre Leftéris fixant son avenir, il est clair que le jeune Grec a déjà prévu ce qui va arriver. L’avenir que fixe Leftéris au-delà de sa fin personnelle, c’est celui du peuple hellénique dont il fait partie. Et c’est bien ainsi que le Grand Étranger galonné, le Nazi qui pilote toute l’opération, interprète ce qui se passe entre Leftéris et le traître cagoulé, le «collabo» devenu enragé face à un futur martyr inflexible.
Il ne dit pas «Regardez-le, ce pauvre type, etc…» Mais : «Regardez-les, regardez-les bien, les hommes qui croient pouvoir changer la face du monde ! » De sorte qu’il désindividualise l’acte de résistance du seul Leftéris, pour y inclure tous les résistants du peuple dont il fait partie. Et sentant l’irréductibilité, l’intraitabilité des jeunes partisans, «aveuglé par le maigre succès qu’avait la force entre ses mains», déconcerté par cette faiblesse qui ne capitulait pas, il n’a plus qu’à amorcer sa perte en commettant l’irréparable, en exécutant Leftéris à bout portant. Car dès lors, il sait que la partie est perdue. Que tôt ou tard, si une bande de jeunes gens désarmés ou à peine armés réagit comme Leftéris, ce sera un peuple entier qui se soulèvera devant l’horreur du massacre gratuit de jeunes civils insoumis. Dès lors, il est à considérer comme probable que d’autres peuples réagiront de la même façon, et que l’oppresseur n’y résistera pas éternellement !
Le parallèle avec le reniement de St Pierre dévoile ce que je pourrais appeler l’aspect «christique» (et non «messianique», qui n’implique pas de sacrifice) de la situation propre au poète en général, et bien sûr à Elytis en particulier. Il s’agit que la parole, moyen de la résistance (comme le silence en d’autres cas), soit le moyen de changer la faiblesse en force. Non pas à la façon des harangues démagogiques des dictateurs, qui agitent les foules et les précipitent dans une direction ou une autre à brève échéance, pour une période éphémère. Mais à la «façon du poétique», c’est-à-dire de l’expérience individuelle consistant à faire du langage-écrit-en-poèmes le témoin de l’affrontement entre notre résistance personnelle et la résistance du monde qui s’efforce, pour des raisons éthique qui ne sont pas toujours mauvaises, de nous imposer des règles. Ce témoignage ne peut offrir de vision qu’à long terme, dans la mesure où la force poétique ne peut pratiquement jamais s’exercer dans l’immédiateté.
L’avantage en est que ses effets durent au-delà de la disparition de l’individu, de même que l’exemple puissant de Leftéris s’exercera au-delà de sa mort personnelle, et inspirera une foule d’autres jeunes gens courageux qui deviendront résistants. Dans cette perspective que j’ai qualifiée de «christique», le symbole du Photodendron, («l’arbre lucide», «lucidus», lumineux matériellement et spirituellement), est limpide : à la fin de la section II du poème Photodendron proprement dit, on lit ceci : «…Et fassent rage les désastres alentour / périssent les êtres humains / arrive des tréfonds de l’Agneau vague après vague l’écho long de la guerre / broutilles / cela / marquait un instant le pas pour tester si ses forces allaient suffire // Et hardi / progressait de plus belle au sein de la lumière / comme Jésus-Christ et tous les amoureux.»
Ainsi, la ligne résistance-justice-amour se dessine-t-elle, autour de laquelle effectivement cherchent l’équilibre den s’affrontant les puissances du monde et celles de l’individu, et cette ligne est dans le prolongement de la Dikè telle que la concevait Anaximandre, plus haut évoqué. Cette Dikè est indépendante des dieux, elle est une sorte de règle éclairante universelle. Survolant les siècles, on voit ainsi que cette ligne se poursuit avec Platon. Cela explique l’intérêt qu’Elytis a porté à Protagoras*, le seul des sophistes pour lequel Platon gardait de la considération. (Du reste, certains spécialistes ont même suggéré de restituer à Protagoras l’essentiel de la paternite de La République.)
Car Protagoras, — aussi bien qu’Elytis dans Axion Esti, Photodendron, Maria Nefeli, — pose le problème de l’insociable-sociabilité des êtres humains, selon la formule de Kant. La contradiction entre la nécessaire solidarité collective, et la quasi-inévitable compétition et lutte entre les individus, est pour Protagoras l’occasion d’une interrogation majeure, que le philosophe veut résoudre par la conviction optimiste que tous les humains ont en eux, au-delà de la pulsion «naturelle» (toujours présente) d’affrontement mortel, des aptitudes à un comportement «politique». C’est-à-dire de vie en société. De vie, disons pour simplifier, «artificielle».
Ainsi, la poésie apparaît pour Elytis un lieu de battement, de constante oscillation entre l’homme inclus dans la physis, celui qui est issu de la Nature et partie prenante de la Nature, et un homme excédant la simple physis, un homme de l’art, de la culture, de la politique. On pourrait dire que dans sa poésie se poursuit constamment le dialogue platonicien où Protagoras (et dans le Gorgias, Calliclès), débattent en partenariat avec Socrate. Calliclès apportant le point de vue selon lequel les conventions, «les lois, l’éducation ne sont que des liens qui emprisonnent et frustrent l’individu». La valeur accordée aux lois par certains ne serait que le signe d’une faiblesse naturelle de ceux qui en ont besoin. La Nature, elle, fonctionnerait par compétition hiérarchisante, pourrait-on dire. Et dans cette affaire, l’éthique artificielle, politique, des humains fausserait ce fonctionnement naturel, dont la Dikè, le «juste équilibre», la justice de l’Univers, n’est pas la nôtre. Dans la lignée d’Anaxagore, l’univers étant chaos, c’est l’esprit humain qui y instaure un ordre à son usage. Une pensée qu’Odysseas Elytis n’est pas loin de reprendre à son compte, avec un côté crétois narquois, lors qu’il écrit dans Maria Nefeli que « la vérité s’échafaude exactement comme le mensonge ».
Par opposition, Protagoras soutient que l’homme possède en lui davantage qu’une sauvagerie inéducable. Que l’homme n’a pas à consentir à ce que ce soit la nature qui régisse les humains, et qu’on peut l’éduquer de manière à vivre dans la cité : éducation qui sera éthique et politique. Bien entendu se posent immédiatement la question du mal, de la vertu, de la justice. Mais chez Élytis, le constat que la part sauvage, la part irréductible du poète, existe, n’est pas le refus d’être un humain, n’est pas refus d’apprendre, d’être éduqué, mais acceptation que sa part résistante, sa part intraitable, fasse de lui un humain exilé «au cœur de la lumière», — tandis que Maria, l’autre moitié de la personnalité du poète (au sens général) s’exile, elle, «parmi les humains» pour quitter la lucidité qui contraint à apercevoir les «tous les noirs démons inconjurés du monde».
À la fin du dialogue du Protagoras, rien n’est véritablement tranché. Contrairement au point de vue souvent soutenu, qui prétendrait que Socrate écrase l’argumentation du Sophiste, on voit bien que ce n’est pas exactement le cas ! Platon dans son dialogue écrit : «…La conclusion de notre entretien s’élève contre nous, et se moque de nous, comme ferait une personne; et si elle pouvait parler, elle nous dirait : Socrate et Protagoras, vous êtes l’un et l’autre bien inconséquents.
Toi, qui disais d’abord que la vertu ne peut s’enseigner, voilà que tu t’empresses de te contredire, t’attachant à démontrer que toute vertu est science, et la justice et la tempérance et le courage : ce qui conduit manifestement à ce résultat, que la vertu peut être enseignée. En effet, si la vertu était autre chose que la science, comme Protagoras s’efforce de le prouver, il est évident qu’elle ne pourrait s’enseigner : au lieu qu’il serait étrange qu’elle ne le pût pas, s’il était prouvé qu’elle est une science, comme tu travailles, Socrate, à le démontrer. Protagoras, de son côté, après avoir posé pour certain qu’elle peut s’enseigner, paraît faire à présent tout ce qui est en son pouvoir pour montrer qu’elle est toute autre chose que la science ; et de cette sorte elle ne serait point de nature à être enseignée. Pour moi, Protagoras, à la vue du trouble et de la confusion extrême qui règne en cette matière, je souhaite passionnément de la voir éclaircie ; et je voudrais qu’après la discussion où nous venons d’entrer, nous allassions jusqu’à examiner quelle est la nature de la vertu, pour voir ensuite si elle peut s’enseigner ou non…» *
Le dialogue cependant cessera ici, Protagoras et Socrate convenant ensemble de le poursuivre à une autre moment, tous deux ayant des rendez-vous urgents. Une façon pour le (jeune) Platon de ne pas trancher véritablement sur ce sujet délicat. La seule différence avec la position implicite du poète moderne qu’on devine notamment dans le Photodendron, c’est que pour Elytis, l’affaire de la Vertu est ambivalente. À la fois elle est native, inscrite dans les gènes de l’être humain en quelque sorte, et comme telle chez certains provoque un comportement intransigeant qui ne cède à rien et mène éventuellement à la sainteté, et à la fois pour s’épanouir, un certain enseignement, une transmission entre humains lui est propice, et même le plus souvent nécessaire.
Il y a ainsi dans sa poésie un mystère du mal qui résiste au questionnement: «…l’autre face des meurtriers l’invisible visage / le petit «pourquoi» qui sera demeuré sans réponse…» mais il existe également une progression possible vers le bien, par l’étude et la méditation solitaire : «…la retraite du loup qui change / sa gueule en face d’homme et celle-ci en face d’ange / les neuf échelon qu’un à un Plotin sut escalader…»
Pour Elytis volontiers héraclitéen, même la capacité de l’homme à faire le mal est un enseignement éventuel : «…La main [qui] rentre à l’aube rouge encore / d’un meurte effroyable et [qui] sait désormais / quel est en vérité le monde qui est le plus fort…» Toute sa vision s’organise donc de part et d’autre de cette ligne de démarcation qu’est l’attitude de résistance. Et constamment, cette frontière est le lieu d’une contrebande entre le bien et le mal, qui échangent leurs caractères quand un élan vital les fait passer d’un côté ou de l’autre. De sorte que toute résistance prend un aspect ambigu, selon ce qu’elle combat. Ce que figure le «Jardin d’Arsemain» (la main brûlée), lorsque, dans le Photodendron, après le passage par le «Printemps» qui a croqué l’enfant, le poète devenu adulte se retrouve «debout» (image de celui qui résiste) «avec une main brûlée ici – en l’extrémité où l’ont rejeté les infortunes… à combattre le Non et l’Impossible de ce monde.»
Le poème où Élytis ainsi se figure, se projette, dans un personnage solitaire, debout, résistant un peu à la façon de Victor Hugo qui disait «S’il n’en reste qu’un je serai celui-là !», est évidemment celui du poème des Héthérothali, «Mort et résurrection de Constantin paléologue.» Que l’on pourrait d’ailleurs compléter par la figure de l’Elytonèse du même recueil, l’image symbolique de l’île grecque qui tient tête à l’innombrable assaut de la mer, comme Constantin, sur la muraille de Constantinople, lutte «contre mille, avec [pour unique auxiliaire] sa solitude» le 29 Mai 1453 face aux ottomans, la «Sublime Porte». On se souviendra ici du tableau de Théophilos — «Conformément à son image» lit-on dans le poème — montrant Constantin XI chargeant sur son cheval blanc les Turcs à la Porte d’Or.
Or le poème s’appelle mort et résurrection. Ici, cette résurrection est celle d’un symbole de l’âme grecque, sa persistance à travers la culture, et précisément la poésie. Élytis s’appuie sur la légende du retour du dernier empereur byzantin lié au symbole de la Porte d’Or, pour affirmer la résistance créatrice, impalpable mais toujours présente, qui anime la nation grecque depuis les temps les plus reculés. Parmi les caractéristique du portrait de Constantin, toutes signifiantes mais sur lesquelle il serait long de s’attarder, on relèvera le «chagrin», la «spéculation sur le Paradis», la hauteur de vue : «…son regard passait un peu au dessus des hommes», le choix de la pureté – l Mer — et de la vérité – le soleil — que l’on trouve dans l’autre soi-même, le «Vrai, celui sur lequel la mort [n’a] pas de prise…»
Tout cela qui correspond aux soucis immémoriaux et irréductibles de l’hellénisme : l’éthique, la pensée philosophique, la correspondance avec la nature grecque, la spéculation sur la démocratie, le chagrin d’une patrie toujours molestée, envahie, et dont pourtant la langue a tenu bon, Constantin n’ayant auprès de lui que «ses mots les plus fidèles qui mêlaient toutes leurs couleurs en laissant dans sa main une lance de lumière blanche…», face aux invasions et occupations diverses : par opposition, on peut songer à la langue gauloise, devenue le roman par domination du latin, puis imprégnée d’arabe par l’occupation sarrasine de la moitié sud de ce qui deviendra la France, provence et langue d’oc, ou encore à l’anglais, mixture de français et de saxon résultant de l’invasion de Guillaume le Conquérant.
Si en effet la langue hellénique a connu certaines altérations puis restaurations, il demeure que l’essentiel des racines des mots grecs est demeuré. Que l’alphabet est demeuré. Dans un pays dont la population a toujours été, en ce qui concerne le territoire traditionnel, passablement inférieure à celle des empires et royaumes voisins. Cette disproportion-même, qui fait persister l’âme hellénique en tant qu’identité à travers toutes les vicissitudes, Élytis la présente ainsi dans Anichta Chartia : «La Grèce, j’en suis arrivé depuis longtemps à cette conclusion qu’elle est une sensation concrète […] dont l’analyse, l’exploration des traits structuraux dans tous les secteurs, reproduit automatiquement et à chaque instant son histoire, sa nature, sa physionomie…»
Et plus loin il poursuit : «C’est une «clef» qui […] aide bien plus efficacement que la science à comprendre comment une chose comme le Parthénon est arrivée ou comment la langue a résisté quatre cents années de servitude durant, pour ne pas dire que cela offre un prétexte à soutenir – et me pardonnent les réalistes ! — que ce petit pays et les autres petits pays ne sont nullement une seule et même chose.» De ce point de vue, on pourrait considérer qu’il y a une forme d’insularité fondamentale, dans la conception qu’Élytis nous transmet de la Grèce à travers sa poésie, c’est à dire «au pays de sa langue».
Cette conception, le poème Élytonèse en fait le résumé par les sensations et images qui, comme dans les Laudes d’Axion Esti, composent l’éternité de ce qui par nature, fût-ce à travers larmes et métamorphoses, représente la vérité résistante de tout ce qui est impliqué dans ce qu’on a pu appelée «grécité». Il faut relire ces poèmes d’Élytis, ce qu’ici le temps ne nous permet pas. Ils allient énigmatiquement sensation et pensée dans un langage poétique intemporel et original. Cette collusion est frappante aux yeux du lecteur étranger. Elle fait apparaître comme une évidence ce qui n’apparaît sans doute pas aussi clairement à celui qui est né grec : la singularité splendide de son pays, et de tout ce qu’il a engendré au cours des siècles, en comparaison du reste de la planète, couvert de pays physiquement plus vastes et considérablement plus puissant.
Ce qu’on a pu appeler le «miracle grec» jadis en songeant aux merveilles d’une culture, de sa pensée, de ses arts, de sa civilisation aux époques antiques, certes est chose réelle. Mais je considère comme chose encore plus réelle que ce miracle ait résisté si puissamment au temps, que ses vestiges bouleversent encore tout être humain qui s’y trouve confronté, même sous forme de ruines ou de statues mutilées. Et plus encore, que ce pays ait produit par la suite, jusqu’à l’époque contemporaine, nombre d’autres écrivains inoubliables par leur singularité identitaire, et parmi ceux-ci, un poète aussi cohérent, magnifique, profond — et profond à la façon hellénique, autrement dit à la fois «locale» et «planétaire» -, qu’Odysseas Élytis, qui se disait «d’une faible capacité patriotique», tout en ayant écrit une œuvre à la fois sensuelle, austère, admirable, d’une architecture infiniment riche et diverse, et quoique n’ignorant rien de la modernité, imprégnée de son pays et de tout ce qui perdure de son essence, au plus haut point : fierté et capacité de résistance venant en premier lieu.
C’est sur ce refus de l’impossible, et ce refus du refus, cette attitude du Grec «debout» libre dans son paradoxe — tel que Theophilos a représenté Constantin Paléologue à la porte d’Or, seul face aux Turcs, et tel qu’Elytis a relayé le peintre pour représenter en mots la figure du «Dernier des Grecs», — que je veux clore cet exposé. Comme celle de Picasso dans un autre contexte culturel, l’oeuvre de Théophilos a intéressé le poète, attaché à Mytilène, par son côté direct et solaire de conservation / transformation des formes populaires et légendaires de la «grécité» : le message du poète est que l’irréductibilité, l’intraitabilité du vrai résistant peut le conduire au sacrifice de sa vie, mais insuffle un esprit qui perdure dans l’âme collective du peuple auquel il appartient, qui transforme les choses et qui devient l’une des composantes de cette âme. J’ajouterai que le passé hellénique, sa lutte pour la démocratie et la liberté, n’est pas sans avoir inspiré, on le sait, la Révolution Française. Rappelons que Dumouriez jeune général face à 180.000 Prussiens et alliés, disait vouloir faire de Valmy et l’Argonne les «Thermopyles de la France, mais que la fin en soit plus heureuse que celle de Léonidas ». Et ses soldats ont résisté et remporté la victoire ! J’en conserve la leçon que Français et Grecs ne doivent pas repousser cette proximité d’esprit, ce lien de sensibilité dont nous étions aussi, Odysseas Elytis et moi-même, un secret exemple.
J’en terminerai ici. Merci de votre attention.
Xavier Bordes
Paris- Antibes, août 2013.
* Note : «…Οἶδα γὰρ ὅτι {τούτου φανεροῦ γενομένου μάλιστ’ ἂν κατάδηλον γένοιτο ἐκεῖνο περὶ οὗ }ἐγώτε καὶ σὺ μακρὸν λόγον ἑκάτερος ἀπετείναμεν, ἐγὼ μὲν λέγων ὡς οὐ διδακτὸν ἀρετή, σὺ δ’ ὡς διδακτόν. Καί μοι δοκεῖ ἡμῶν ἡ ἄρτι ἔξοδος τῶν λόγων ὥσπερ ἄνθρωπος κατηγορεῖν τε καὶ καταγελᾶν, καὶ εἰ φωνὴν λάβοι, εἰπεῖν ἂν ὅτι « Ἄτοποί γ’ ἐστέ, ὦ }Σώκρατές τε καὶ Πρωταγόρα· σὺ μὲν λέγων ὅτι οὐ διδακτόν ἐστιν ἀρετὴ ἐν τοῖς ἔμπροσθεν, νῦν σεαυτῷ τἀναντία {σπεύδεις, ἐπιχειρῶν ἀποδεῖξαι ὡς πάντα χρήματά ἐστιν ἐπιστήμη, καὶ ἡ {δικαιοσύνη καὶ {σωφροσύνη καὶ ἡ ἀνδρεία, ᾧ τρόπῳ μάλιστ’ ἂν διδακτὸν φανείη ἡ ἀρετή. Εἰ μὲν γὰρ ἄλλο τι ἦν ἢ ἐπιστήμη ἡ ἀρετή, ὥσπερ Πρωταγόρας ἐπεχείρει λέγειν, σαφῶς οὐκ ἂν ἦν διδακτόν· νῦν δὲ εἰ φανήσεται ἐπιστήμη ὅλον, ὡς σὺ {σπεύδεις, ὦ }Σώκρατες, θαυμάσιον ἔσται μὴ διδακτὸν ὄν. Πρωταγόρας δ’ αὖ διδακτὸν τότε ὑποθέμενος, νῦν τοὐναντίον ἔοικεν {σπεύδοντι ὀλίγου πάντα μᾶλλον φανῆναι αὐτὸ ἢ ἐπιστήμην· καὶ οὕτως ἂν ἥκιστα εἴη διδακτόν. » Ἐγὼ οὖν, ὦ Πρωταγόρα, πάντα ταῦτα καθορῶν ἄνω κάτω ταραττόμενα δεινῶς, πᾶσαν προθυμίαν ἔχω καταφανῆ αὐτὰ γενέσθαι, καὶ βουλοίμην ἂν ταῦτα διεξελθόντας ἡμᾶς ἐξελθεῖν καὶ ἐπὶ τὴν ἀρετὴν ὅτι ἔστιν, καὶ πάλιν ἐπισκέψασθαι περὶ αὐτοῦ εἴτε διδακτὸν εἴτε μὴ διδακτόν…» (Platon - Protagoras)
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