Adrien Montolieu, Nuit barbare

2017-12-30T22:57:27+01:00

 

Et nous ver­rons l’aurore
plus haute que la nuit
hanter le retour des abeilles
dans le sucre des mots
et le vent dans les voiles
nos voix d’avant
crépi­tant comme un feu
dans les constellations

Vigne à la lèvre au grain levé du soir
l’ombre som­meille sous les palétuviers

Nous manierons l’arène errante
et les mots sans remords
lev­ant le camp au cœur
des forêts palpitantes
sil­lon­nant nos sentiers
de ronde et d’horizon
lev­ant nos ver­res et des armées barbares
dans le métal inoxydé
de la civilisation

Et rire végétal
moisson­nant au sillage
d’un navire aphasique
le reste de rai­son sous le couteau de soif
le varech impair
nous sera chevelure
et mor­sure d’écume

Nous aurons caressé tant de gouffres
et levé tant de graines en dormance
juste à par­ler sous l’œil putride
des résignations
juste à trem­bler sous les bétons
les bitumes la peau
lépreuse d’Occident

Nous ver­rons l’aube encore
plus large que nos mains
habiller nos saisons
de courbes capricieuses
et l’onde à peine
sous le souf­flet chan­tant des dunes

Hom­mage à l’amitié qui repren­dra la route
dans l’ivresse racine d’un matin nouveau

Présentation de l’auteur

Adrien Montolieu

Adrien Mon­tolieu (de son vrai nom, Stéphane Leménorel) est né en 1971. Son recueil, Ciels de traîne, pub­lié au Cas­tor Astral, a reçu le prix Max-Pol Fouchet en 2008.
Pro­fesseur de philoso­phie, puis libraire, jar­dinier, chômeur inter­mit­tent et dilet­tante de longue durée.
Aimerait réus­sir à écrire comme on fait des ronds dans l’eau : par ric­o­chets et silences.
Aus­si cherche-t-il, mode de vie et art poé­tique, à ne pas trahir ce haïku claudiquant :

Seul t’ap­par­tient
ce qui en toi
se tait

 

Adrien Montolieu
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