Claude Vigée, une des voix majeure de la Littérature, s’est éteint hier à l’âge de 99 ans. Poète juif alsacien et ancien résistant, son œuvre en français, alsacien et allemand, est questionne la violence du XXe siècle et fouille la problématique des identités linguistiques.
Au cours d’une rencontre avec Michel Kubler pour le journal La Croix, en 2009, il évoquait son rapport à la poésie en es termes : « Ce n’est pas une vocation, non. Bien plutôt une pulsion ». Une quête « non pas de joie mais de «la» joie »1.
Né Claude Strauss en 1921, il devra quitter l’Alsace, sa région natale, au début de la Seconde Guerre mondiale. Il devient étudiant à Toulouse et s’engage dans la Résistance, sous le nom sous lequel il publiera son oeuvre.
Il publie ses premiers poèmes dans la revue « Poésie 42 » dirigée par Pierre Seghers. Mais face au désastre engendré par la guerre, il quitte la France fin 1942 pour les États-Unis, où il commence une carrière universitaire de professeur de lettres, qu’il poursuivra en Israël à partir de 1960 avant de retrouver la France.
Sa voix dans la poésie comme dans le récit en fait un auteur à part ouvert sur le monde et ancré dans son Alsace natale.
Son ivre a été reconnue et saluée par une multitude de prix : prix Pierre-de-Régnier de l’Académie française, prix Johan Peter Hebel (Bade-Wurtemberg), Grand prix de la poésie de la Société des gens de lettres, Grand prix de poésie de l’Académie française ou encore, plus récemment, en 2013, le Grand prix national de la poésie…
Les Orties noires, lecture de Claude Vigée.
Parfois je crois surprendre un écho dans l’oreille de ces mots murmurés,
Que des voix de jadis, depuis longtemps perdues, disaient presque en silence :
Ainsi suinte la pluie de campagne en automne
A travers les feuilles mortes, avec tant de patience,
A la lisière du petit bois de chêne gris et touffus
Où le ruisseau chuchote,
Puis elle s’enfuit goutte à goutte dans la terre,
A pas de souriceaux, comme fait la semence,
Par le chemin profond,
La sente aux orties noires.
Poème tiré de l’article de David Schnee pour Recours au poème : Les Orties noires
Anne Mounic lit les derniers poèmes de Claude Vigée, en Clôture de l’après-midi poétique organisée par l’Association des amis de l’œuvre de Claude Vigée le 16 mars 2013.
A relire sur Recours au poème :
Choix de poèmes de C. Vigée établi par Serge Meitinger
A propos de Claude Vigée, par Pierre Tanguy
Entretien avec Claude Vigée en 2013, avec une explication de texte des Orties noires.
Note
- Entretien avec Claude Vigée, “Claude Vigée, vigie de la vie”, de Michel Kubler, réalisé pour le journal La Croix en 2009.