En poésie, tout commence bien souvent par une sensation de vertige, tant pour celui qui écrit que pour le lecteur.
C’est le cas ici. D’entrée de jeu, Jean Pierre Vidal nous met face aux figures de la vie passante. La sienne, la nôtre. Celle de toutes et tous. Car c’est bien le mystère du Temps qui cadence la prose habitée de l’auteur. Écrire, c’est peut-être chercher la brièveté, l’image immédiate et fulgurante, tout ce qui surgit dans la mémoire et les longues méditations solitaires. Pour dire toute l’étrangeté du monde, ses ténèbres mais aussi, et avant tout, la lumière indéfectible de la vie. Notre tâche est d’unifier le cœur nous dit Jean Pierre Vidal et il ne se trouve guère d’arguments pour lui donner tort. Les mots et les phrases s’efforcent de rassembler ce qui est épars, ce qui nous échappe à chaque instant et donc qui nous appartient. En dépit des noirceurs de l’existence, certains de nos jours sont à la hauteur de la Vie. De page en page, l’auteur nous emmène vers un au-delà qui est ici depuis toujours, entre les pierres dressées sur la lande, dans l’élan qui nous pousse vers la Beauté. Dans les gestes de l’amour et les désirs brûlants, le corps troublant des femmes et des jeunes filles, dans l’équilibre vivant dont on reçoit la liberté d’être. Par une sorte de lâcher-prise méditatif, Jean Pierre Vidal nous révèle qu’on peut être présent, parfois, à quelque chose qui n’existe pas encore.
Jean-Pierre Vidal, Passage des
embellies sui de Thanks, Arfuyen,
2020, 13 €.
André Dhôtel et Philippe Jaccottet ne sont finalement jamais bien loin, dans une sorte d’émerveillement toujours à venir, une proximité charnelle avec les éléments, les nuages, l’absence, la solitude. Non par pure fantaisie mais pour donner du sens au visible et à l’invisible. Rendre au monde la part qui lui revient, l’ordre qui étouffe mais qui permet aussi, souffle court, notre respiration. Les poèmes de Thanks prolongent la quête et la résolvent en un apaisement, une certitude tranquille que quelque chose nous attend au bout de la route. L’amande de la lumière une nous aide à ne pas refermer le cœur et à veiller sur la durée de nos âmes. Tout est dit, écrit. Il reste à lire et à relire ce recueil comme un petit livre d’heures, une présence aux corps vivants, sans avidité, baigné par la lumière extrême du présent.
Présentation de l’auteur
- Alain Dantinne, Chemins de nulle part - 6 décembre 2023
- Philippe Mathy, Derrière les maisons - 29 octobre 2023
- Alain Dantinne, Chemins de nulle part - 5 octobre 2023
- Max Alhau, Entretenir le feu - 5 septembre 2023
- Max Alhau, Entretenir le feu - 20 avril 2023
- Gilles Lades, Ouvrière durée - 29 décembre 2022
- Richard Rognet, Le Porteur de nuages - 21 décembre 2022
- Jean Pierre Vidal, Le vent la couleur - 6 octobre 2022
- Alain Dantinne, Amour quelque part le nom d’un fleuve - 21 septembre 2022
- Alain Dantinne, Amour quelque part le nom d’un fleuve - 20 mai 2022
- Jean Pierre Vidal, Le vent la couleur - 3 mai 2022
- Marie Alloy, Ciel de pierre - 20 avril 2022
- Olivier Vossot, L’écart qui existe - 5 avril 2022
- Isabelle Lévesque, En découdre - 31 octobre 2021
- Claude Albarède, Buissonnières - 21 septembre 2021
- Claude Albarède, Buissonnières - 21 juin 2021
- Béatrice Marchal, Élargir le présent suivi de Rue de La Source - 5 avril 2021
- Jean Pierre Vidal, Passage des embellies suivi de Thanks - 6 décembre 2020
- Gérard Bocholier, Une brûlante usure - 6 octobre 2020