Un ensemble confié à recours au poème en décembre 2013.
Renoncules d’eau
dressées comme des cierges
sur la table des nénuphars.
Fleurs mauves des ronciers
pâlissant le long du sentier.
Ai-je tout dit de ce pays
quand l’oiseau lance ses trilles
au faîte des peupliers ?
N’y‑a-t-il dans les sous-bois
que l’orchis à l’ombre des fougères ?
Dois-je attendre pour me lever
le départ d’une fourmi
dans son labyrinthe d’herbe ?
Le printemps tergiverse aujourd’hui.
Mon visage tourné vers le ciel,
je capte seulement le message
des nuages bas qui partent nonchalants
vers l’intérieur des terres.
Les clairières de soleil franc
sont toutes minutées.
La girolle est une pépite
dans le talus de mousse.
Je ramasse des brindilles
pour ma cheminée.
Il coule il coule
le ruisseau dans la prairie.
Les taureaux sont ébahis.
Sous de sombres futaies,
pays de fougères et de frênes,
la marche est sévère.
Petit chat à l’écluse,
tu t’ennuies et tu pleures.
Tu viens salir tes chaussons blancs
sur le sentier boueux.
La chute d’eau
n’est pas un torrent de montagne.
La nuque dans le trèfle
que butinent les abeilles,
j’entends les joueurs de boules
qui poussent un peu loin le bouchon.
La chute d’eau
n’est pas un torrent de montagne.
Je peux même entendre
des mères penchées sur des berceaux.
Cathédrale de verdure,
son parvis de trèfle et d’épilobe.
Gloire du peuplier,
son chant dans le ciel bleu.
Une branche de chêne
me protège d’un soleil ardent.
Un nuage se disperse
comme un troupeau de moutons.
Le chemin transpire,
il a bu les ondées.
Des hommes s’affairent
autour des moissons.
A flanc de colline,
les chevaux blancs à l’ombre.
Éclat bleu de la libellule
sur la feuille d’ortie.
J’explore des parfums,
des goûts de miel.
Les vaches tranquilles
s’approchent des abreuvoirs.
Campagne ardente
rafraîchie par le ruisseau brun.
Les papillons blancs
ont droit de cité.
(cinq haïkus)
Chapelle de la Palud
Sainte Anne instruit Marie
Au son de la bombarde
Jardin des moines
Les pommes anciennes
Mûrissent en silence
En fleurissant
Les plants de giroflée
Ressuscitent ma mère
Dans la mare
Traversée par un rayon
Un bigorneau tranquille
Du sang sur mes lèvres
Je mouline
Ma confiture de cassis