La lumière arrache aux murs
leurs derniers lambeaux de fête
la maison se désole
de n’être que ruines
quand le coeur continue
de battre en dépit des naufrages
∗∗∗
Tu entres rue verte
dans le petit couloir
de sa maison
ombreux et calme
silencieux
depuis ce janvier 79
la mémoire seule
restitue l’air dense
sa présence
au coin du feu de Louvain
∗∗∗
Le poème peut porter
à plus de clarté
le coeur
s’il cède un peu
∗∗∗
J’ai attendu longtemps
avant de poser des mots
sur les berges du livre
comme une main attentive
à ne pas bousculer
l’ordre des choses
le temps de la lumière
la vie des souffles
Je venais boire
à la source
la beauté
les ombres du recours
∗∗∗
La brume énonce le jour.
Le ciel s’évince sans un cri.
Parfois la peur gomme la parole.
On se retient à une rambarde.
On se fait plus petit que la lumière.
∗∗∗
Tu tournes certains jours
autour des mots
comme dans une chambre
froide
où il n’y aurait plus
que des ombres
quelques traces aimées
inanimées
et vagues
∗∗∗
Parfois, le mur tourne.
La vie recluse s’éclaire d’un geste.
Il faut tout écrire du peu
qui nous bouscule.
Dans la foulée des jours
le coeur s’écharde
floué.
(Extraits de “Ce fragile chemin des choses, 2021, inédit)