Il est difficile d’évoquer ce recueil sans se reporter au précédent d’Olivier Vossot, et dont il est la prolongation quasi naturelle, en quelque sorte et en toute logique.
J’avais d’ailleurs eu l’occasion de dire ailleurs tout le bien que j’en pensais et la certitude d’assister à l’affirmation d’une vraie voix. S’il existe une filiation entre L’écart qui existe et Personne ne s’éloigne, elle est certes à trouver dans la thématique, à savoir une correspondance mentale, intime, avec un disparu qui est toujours là, toujours plus près parce qu’en deçà du quotidien. Dans les brèches, les interstices, le blanc de la page, le noir de l’écriture. Les mots d’Olivier Vossot ne doivent rien au hasard. Ils sont pesés avec patience, triés sur le volet, non par souci d’esthétique, recherche d’effet ou de singularité sémantique mais parce qu’ils sont les seuls qui font surgir la réalité de l’absence en même temps que son irrémédiable pouvoir de résilience. Certes, l’absence est lisse, sourde mais elle prend corps au quotidien, tout simplement parce que quoi qu’on écrive ou pas, il est toujours question d’une lumière et que c’est en ce mystère que réside tout le sens de la vie humaine. S’adresser au mort pour parler aux vivants et se parler à soi-même. Laisser surgir, être à l’écoute. Des mots viennent dont on ne sort pas. C’est peut-être ainsi que la poésie s’accomplit, avec le silence des souvenirs comme une pierre chaude, / à l’intérieur. Olivier Vossot ne se dérobe pas à la quête initiatique qu’il s’est imposée de longue date, et le lecteur ne s’y trompe pas. Il reconnaît de page en page la recherche de l’équilibre, le fardeau d’un passé sans naissance qui est sans doute le sien, à lui aussi. Il ressent la morsure de jours noirs comme ce qui seul peut solidifier le temps et densifier l’espace.
Olivier Vossot, L’écart qui existe, Les Carnets du Dessert de Lune, 2020, 88 p, 14€.
Une belle réussite pour l’auteur, qui confirme que sa voix est à l’unisson des poètes de l’intime et de la profondeur et qu’il puise en toute connaissance de cause aux sources de l’essentiel.
Présentation de l’auteur
- Alain Dantinne, Chemins de nulle part - 6 décembre 2023
- Philippe Mathy, Derrière les maisons - 29 octobre 2023
- Alain Dantinne, Chemins de nulle part - 5 octobre 2023
- Max Alhau, Entretenir le feu - 5 septembre 2023
- Max Alhau, Entretenir le feu - 20 avril 2023
- Gilles Lades, Ouvrière durée - 29 décembre 2022
- Richard Rognet, Le Porteur de nuages - 21 décembre 2022
- Jean Pierre Vidal, Le vent la couleur - 6 octobre 2022
- Alain Dantinne, Amour quelque part le nom d’un fleuve - 21 septembre 2022
- Alain Dantinne, Amour quelque part le nom d’un fleuve - 20 mai 2022
- Jean Pierre Vidal, Le vent la couleur - 3 mai 2022
- Marie Alloy, Ciel de pierre - 20 avril 2022
- Olivier Vossot, L’écart qui existe - 5 avril 2022
- Isabelle Lévesque, En découdre - 31 octobre 2021
- Claude Albarède, Buissonnières - 21 septembre 2021
- Claude Albarède, Buissonnières - 21 juin 2021
- Béatrice Marchal, Élargir le présent suivi de Rue de La Source - 5 avril 2021
- Jean Pierre Vidal, Passage des embellies suivi de Thanks - 6 décembre 2020
- Gérard Bocholier, Une brûlante usure - 6 octobre 2020