Sylvestre, Un regard infini — Tombeau de Georges-Emmanuel Clancier

Par |2022-06-21T08:08:33+02:00 21 juin 2022|Catégories : Critiques, Sylvestre Clancier|

Sylvestre Clanci­er aime répéter qu’il a choisi la forme courte, celle du poème, pour mieux con­cen­tr­er une émo­tion et la faire pass­er. La forme courte ? Devant cette mod­estie, on pour­rait sourire : il suf­fit de soupeser ses œuvres com­plètes : 552 pages pour le seul Tome 2 ! Et le Tome 3 va prochaine­ment paraître (Édi­tions La Rumeur libre). 

Depuis longtemps — inutile de pré­cis­er les dizaines d’années —, les frag­ments ciselés, les pla­que­ttes et les édi­tions de bib­lio­philie for­ment, bout à bout, une œuvre con­sid­érable. En taille et en den­sité. Quant à Un regard infi­ni — Tombeau de Georges-Emmanuel Clanci­er, Sylvestre nous invite — oui, ce touchant recueil, l’auteur ne le signe que de son prénom — à une relec­ture des écrits antérieurs. Le phrasé est sim­ple, limpi­de, loin de l’hermétisme ou des fab­riques alam­biquées. Prose mise en ver­sets ou ver­sets prosaïques, chaque mot touche au but avec une authen­tic­ité absolue et chaque mot s’attelle au suiv­ant pour ouvrir des pos­si­bles ou des sen­sa­tions nouvelles.

Sylvestre se livre nu et, con­traire­ment à l’image qu’on pour­rait se faire d’un enfant écrasé par la stat­ue (stature) de son père, il marche à son côté. Ils sont deux poètes mûrs, forts, puis­sants. Dans le paysage poé­tique actuel, ce recueil est une véri­ta­ble leçon de savoir dire, savoir partager, savoir émou­voir. For­cé­ment, pour­rait-on penser, puisqu’il s’agit d’un « Tombeau » c’est-à-dire un hom­mage à un mort. Mais un Tombeau, n’est pas qu’un sim­ple hom­mage à un mort, fût-il un père. C’est une pièce musi­cale comme le Tombeau de Mon­sieur de Sainte Colombe ou, plus tard, celui de Couperin. Musique pro­fonde, poésie pro­fonde pour qui fut bien plus qu’un père. Georges-Emmanuel fut, pour Sylvestre, un ami, un con­fi­dent, un égal avec lequel il pou­vait échang­er, enfant puis adulte.

Sylvestre, Un regard infi­ni — Tombeau de Georges-Emmanuel Clanci­er, La Rumeur libre — 96 pages — 16 € — ISBN-13  : 978–2355772153.

À peine esquissée
l’écriture bleue avance
micro­scopique et infinie
au fil des pages peu raturées
mys­térieuse, impénétrable
et jamais mesurable
pour l’enfant qui observe son père

L’écriture du père, on le voit, est un monde. Con­séquem­ment et indépen­dam­ment, celle du fils, aus­si. Un regard infi­ni — Tombeau de Georges-Emmanuel Clanci­er se pose comme le recueil idéal pour décou­vrir l’œuvre de Sylvestre Clanci­er ou la redé­cou­vrir. Et peut-être aus­si revenir à celle de son père. La boucle est bouclée. En fin de recueil, un post-scrip­tum de Sylvestre et une post­face de Nico­las Grimal­di don­nent les clés pour ouvrir quelques portes inconnues.

Présentation de l’auteur

Sylvestre Clancier

Sylvestre Clanci­er, poète, essay­iste et cri­tique lit­téraire est né à Limo­ges le 19 juin 1946.

Sa for­ma­tion philosophique l’a amené à entre­pren­dre des recherch­es sur l’al­lé­gorie et le sym­bol­isme, ain­si que sur la pata­science et l’imaginaire.
Il est notam­ment l’au­teur d’un Freud, con­cepts fon­da­men­taux de la théorie et de la psy­ch­analyse freu­di­ennes, (Edi­tions Erès — 1998 ), d’un ouvrage de poli­tique fic­tion, une fable philosophique, Le Tes­ta­ment de Mao ( Edi­tions J.P.Delville — 1976 ), d’un essai sur la poésie, La voie des poètes, (Edi­tions J‑P. Huguet, 2002), ain­si que d’un essai socio-his­­torique La Vie quo­ti­di­enne en Lim­ou­sin au XIXème siè­cle (en col­lab­o­ra­tion avec Georges-Emmanuel Clanci­er, Edi­tions Hachette — 1976).
Il a surtout pub­lié des poèmes et des fan­taisies en prose.

Sylvestre Clanci­er a été attaché cul­turel à l’Office de la Langue Française au Québec (Cana­da) où il a égale­ment enseigné la philoso­phie. Il a ensuite enseigné la lit­téra­ture et la civil­i­sa­tion français­es dans les uni­ver­sités de Paris 13 et de Paris 1.
Il a mené par­al­lèle­ment une activ­ité d’éditeur com­mencée chez Robert Laf­font en 1968, puis pour­suiv­ie aux édi­tions Rom­bal­di, Bel­fond, Uni­ver­si­taires, Delarge, Stock, Grand Livre du Mois/Club Français du Livre, Cast­er­man. Il a été co-fon­­da­­teur et Directeur Général des Edi­tions Clan­ci­er-Gué­­naud pen­dant douze ans(jusqu’en 1989) et égale­ment co-fon­­da­­teur et mem­bre du Con­seil d’Ad­min­is­tra­tion des Edi­tions Erès pen­dant vingt cinq ans, de 1981 à 2006.
Il inter­vient de manière bénév­ole dans de nom­breuses asso­ci­a­tions d’écrivains où d’amis d’écrivains dont il est mem­bre act­if ou bien d’institutions lit­téraires dans lesquelles il a été élu.
Ain­si est-il mem­bre fon­da­teur et prési­dent de l’As­so­ci­a­tion des Amis de Gas­ton Miron., mem­bre des asso­ci­a­tions d’amis de Roger Cail­lois, de Robert Desnos, de Gas­ton Bachelard, de Jean Les­cure, de Robert Marger­it ou de Louis Guil­laume, ou encore mem­bre de la Mai­son des Ecrivains et de la Mai­son de Poésie.
Mem­bre du bureau de l’ Asso­ci­a­tion Inter­na­tionale de la Cri­tique Lit­téraire (AICL accréditée auprès de l’UNESCO), il est socié­taire et admin­is­tra­teur élu de la Société des Gens de Let­tres de France. Après y avoir assuré les fonc­tions de Rap­por­teur général et de Prési­dent de la Com­mis­sion des Affaires finan­cières et des legs, il y pré­side les Com­mis­sions de la poésie, des affaires européennes et de la francophonie.

Mem­bre élu de l’Académie Mal­lar­mé, il en assure le secré­tari­at général.
Il est Prési­dent en exer­ci­ce du P.E.N. Club Français et co-prési­­dent de La Nou­velle Pléi­ade qui décerne, chaque année, en parte­nar­i­at avec l’Organisation Inter­na­tionale de La Fran­coph­o­nie (O.I.F.), le Grand Prix de Poésie de langue française Léopold Sédar-Senghor.
Il est égale­ment mem­bre de plusieurs autres jurys, notam­ment ceux du Grand Prix de la Cri­tique lit­téraire et du Prix Louis Guil­laume du poème en prose et celui des Prix Roger Cail­lois décernés chaque année dans le cadre d’un parte­nar­i­at entre l’Académie Française, le PEN Club français et la Mai­son de l’ Amérique Latine.

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Bib­li­ogra­phie 

Pub­li­ca­tions
– Saisons et rivages, (en col­lab­o­ra­tion avec Julia Reix) aux Edi­tions de la Tour de Feu — 1967.
– Pro­fil du songe, aux Edi­tions Encres Vives — 1971.
– Tex­truc­tions, aux Edi­tions de la Revue Méta­mor­phoses — 1973.
– L’her­bier en feu aux Edi­tions Proverbe — 1994 (avec un tirage de tête sur Arche: 70 ex.numérotés enrichis d’une gravure orig­i­nale d’Anne Ar Moal signée et numérotée).
– Enfrance (Poèmes & Prose) aux Edi­tions Proverbe — 1994.
– Le présent com­posé, coédi­tion Ecrits des Forges (Québec) et Proverbe — 1996 (com­por­tant 60 ex. de tête signés et numérotés enrichis d’une gravure orig­i­nale d’Anne Ar Moal).
– L’an­i­mal ani­mé, Bes­ti­aire sym­bol­ique, aux édi­tions Proverbe, 1999 (com­por­tant 30 ex. numérotés et signés enrichis d’oeu­vres peintes orig­i­nales — tech­nique mixte- de Sarah Wiame).
– Pier­res de mémoire, Coédi­tion Ecrits des Forges et Proverbe, 2000
– Poèmes de la baie, Les Cahiers bleus, 2001
– L’Âme alchimiste, édi­tions Proverbe, 2002
– Poèmes de l’avant / Poèmes de l’après, La Porte, 2003
– Une couleur dans la nuit, édi­tions PHI / Ecrits des Forges, 2004
– Ecri­t­ures pre­mières, édi­tions L’Improviste, 2004
– La lin­gua improb­a­bile del­la memo­ria, La Porte, 2005.
– L’éternel éphémère des vis­ages et des corps, avec des repro­duc­tions en couleur d’œuvres orig­i­nales du pein­tre Dan Barichas­se, Pro­dro­mus, 2005.
– Un jardin où la nuit respire, édi­tions PHI / Ecrits des Forges, 2008.
Généalo­gie du paysage / Qua­trains lim­ou­sins, L’Harmattan, 2008.
– Le Livre d’Isis, Al Man­ar, 2009.

Livres d’artistes
– Végé­tal et sournois , avec des dessins de Sarah Wiame, aux Ed. Céphéides — 1996
– Zep­po, enrichi d’oeu­vres peintes orig­i­nales de Sarah Wiame, aux Edi­tions Céphéides — 1997.
– Télé­grammes du ciel, enrichi de tech­niques mixtes orig­i­nales de Sarah Wiame, aux Edi­tions Céphéides 1997.
– Guet­teurs d’E­ter­nité, Le Grand Livre Nami­ki, Paris et Tokyo 1998.
Ici comme la flèche après l’œu­vre du temps, livre d’artiste au tirage lim­ité à dix exem­plaires avec des pein­tures orig­i­nales de Georges Badin, 1998, présen­té à la galerie Berthet-Aittouarès.
– “Cou­plet de la rue de Bag­no­let”, livre poème en hom­mage à Robert Desnos avec des col­lages de Sarah Wiame, aux édi­tions Céphéides, 1999 ( exposé à la Librairie Nicaise) .
– Le Dit du marin, poèmes autour de pho­tos d’Anne Ar Moal, print­emps des poètes 2000.
– Si loin dans l’océan, livre d’artiste au tirage lim­ité à sept ex., avec des pein­tures orig­i­nales de Claude Bel­le­garde, édi­tions La Chou­ette diurne, Paris, 2000.
– La Toi­son d’elles, livre d’artiste au tirage lim­ité à douze ex., avec des pein­tures orig­i­nales d’Au­gus­ta de Schu­cani, 2001, présen­té à la galerie Berthet-Aittouarès.
– Requiem pour un oiseau, livre d’artiste au tirage lim­ité à sept ex., avec des pein­tures orig­i­nales d’Au­gus­ta de Schu­cani, 2003.
– Ombres et lumières, livre d’artiste au tirage lim­ité à sept ex., avec des pein­tures orig­i­nales d’Au­gus­ta de Schu­cani, 2004.
– Comme un jardin secret, livre de bib­lio­philie imprimé sur vélin d’Arche à tirage lim­ité à trente ex., avec des lith­o­gra­phies orig­i­nales de Auck, Paris, 2005.
– Reviens au jardin de l’enfance, livre d’artiste au tirage lim­ité à qua­tre ex., avec des pein­tures orig­i­nales d’Au­gus­ta de Schu­cani, 2006.
– Ani­ma mia, livre d’artiste au tirage lim­ité à sept ex., avec des pein­tures orig­i­nales d’Au­gus­ta de Schu­cani, 2006.
– Le Livre d’Isis, livre d’artiste au tirage lim­ité à qua­tre ex., avec des pein­tures orig­i­nales d’Au­gus­ta de Schu­cani, 2007.
– La Vierge et la Licorne, livre d’artiste au tirage lim­ité à sept ex., avec des pein­tures orig­i­nales d’Au­gus­ta de Schu­cani, 2008.
– Il marche, livre d’artiste au tirage lim­ité à dix-huit ex., dont trois Hors Com­merce, avec des pein­tures orig­i­nales d’Au­gus­ta de Schu­cani, 2008.
– Ren­dus à l’infini de ta langue, « livre pau­vre », Col­lec­tion Don du poème conçue par Daniel Leuw­ers, tirage lim­ité à six ex., avec un lavis orig­i­nal au pochoir d’Au­gus­ta de Schu­cani, 2008.

Présent et présen­té dans les antholo­gies suivantes
– La ville des poètes, Fleurs d’Encre / Le Livre de Poche, Hachette Jeunesse, 1997
– La révolte des poètes, Fleurs d’Encre / Le Livre de Poche, Hachette Jeunesse, 1998 
– Jouer avec les poètes, Fleurs d’Encre / Le Livre de Poche, Hachette Jeunesse, 1999
– La poésie française con­tem­po­raine de Jean Orizet, Le Cherche Midi, 2004
– Antholo­gie de la poésie française de Jean Orizet, Edi­tions Larousse, 2007
– Poésies de langue française 144 poètes d’aujourd’hui autour du monde, Edi­tions Seghers, 2008
– La poésie est dans la rue, 101 poèmes protes­tataires pour aujourd’hui, Le Temps des Ceris­es, 2008

Il a présen­té la poésie québé­coise con­tem­po­raine dans Cette langue qu’on appelle le français, Inter­na­tionale de l’imaginaire, N° 21, L’apport des écrivains fran­coph­o­nes à la langue française, BABEL, 2006

Poèmes choi­sis

Autres lec­tures

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François Thiéry-Mourelet

François Thiéry-Mourelet est poète, romanci­er, auteur de livres de jeunesse et d’un théâtre poé­tique (Zoé et la fumée, Les Cynophiles, Opa­line, etc.). Il a été reporter au Liban, nav­i­ga­teur, cri­tique aux Nou­velles Lit­téraires, respon­s­able de la com­mu­ni­ca­tion puis jour­nal­iste spé­cial­isé dans la san­té et l’écologie. Son dernier roman La langue de tamanoir, est paru aux édi­tions Sans Escale. Chez le même édi­teur, Brise dans le miroir suit les errances d’un marin : le poète racon­te la quête d’un « écri­t­uri­er » et de son dou­ble. 89 chants pour dire les douceurs d’un lagon, les galbes d’un corps, les désas­tres d’une guerre, l’inexorable fin des pas­sions, l’impossible renais­sance ou la dis­pari­tion d’un monde.

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